Grand Dictionnaire Universel du XIXe Siécle de Pierre Larousse

GUSMAN ou GUSMAO (Bartholomeu-Lourenço DE)

Savant brésilien, né à Santos vers 1675, mort après 1724.

Il étaif fils d'un chirurgien en chef du présidio de Santos, qui l'envoya terminer ses études à l'université de Coïmbre. Gusman entra dans la société de Jésus, et s'occupa d'une façon toute particulière de philologie, de sciences mathématiques et de mécanique. Au commencement du XVIIIe siècle, il inventa une machine pour se transporter dans les airs d'un lieu à un autre. Il est à peu près impossible, d'après les descriptions très-confuses qui en ont été données, de se faire une idée exacte de cette machine et des moyens employés pour produire l'ascension. On prétend qu'elle avait la forme d'un oiseau criblé de tubes multipliés, par lesquels le vent passait pour emplir d'air une espèce de panse saillante, au moyen de laquelle elle s'élevait ; mais, ce qui est hors de doute, c'est que Gusman exécuta avec succès une ascension à Lisbonne sous le règne de Jean V de Portugal, qui l'encouragea dans ses essais. « Porté par sa nacelle, dit Ferdinand Denis, il s'élança, le 8 août 1709, de la tourelle da Casa da India, et franchit l'espace assez étendu qui existe entre cet édifice et le Terreiro de Pace, derrière lequel il alla descendre. Le peuple de Lisbonne lui donna, dès ce moment, un surnom significatif ; on l'appela o voador (l'homme volant). »

Le Père Gusman fut pourvu d'un canonicat, d'une pension, et reçut un privilège qui lui garantissait les avantages de son invention. Mais ses expériences aérostatiques le firent regarder comme n'étant pas étranger aux pratiques de la magie, et l'inquisition intervint. « Traduit devant le saint office, dit Bacous, il fut jeté dans un cachot et condamné il un jeûne rigoureux. Les jésuites vinrent cependant à bout de délivrer leur confrère et de le faire passer en Espagne, où il mourut de chagrin peu de temps après à l'hôpital de Séville. Gusman a publié, outre des sermons, un ouvrage intitulé : Varias modos de esijotar sem génie as naos que fasem agua Lisbonne, 1710, in-4), dont il a donné la traduction latine : Varice rationes antliaspro navibus aulomatas construcndi.