Grand Dictionnaire Universel du XIXe Siécle de Pierre Larousse

GUYTON DE MORVEAU (Louis-Bernard, Baron)

Chimiste français, né à Dijon (Côte-d'Or) le 14 janvier 1737, mort le 2 janvier 1816

Il étudia d'abord le droit, obtint, à dix-huit ans, en 1755, la charge d'avocat général au parlement de Dijon, et remplit ces fonctions pendant vingt-sept ans. Il fonda à Dijon un cours public de chimie, où il professa pendant treize ans. En 1772, il fit paraître ses Digressions académiques, dans lesquelles il exposait ses idées sur la phlogistique et la cristallisation. En 1773, il fit connaître le pouvoir des fumigations acides contre les miasmes contagieux. Ce fut sous sa direction qu'un caveau de la cathédrale de Dijon et les prisons de cette ville furent assainis au moyen de fumigations qui, de son nom, furent appelées guytoniennes. En 1775, il publia trois volumes de vers, de discours et d'éloges, et, en 1785, des plaidoyers et divers discours où il traitait de questions de haute morale et d'instruction publique. Fatigué des tracasseries journalières que son amour de la science lui suscitait, il se démit, en 1782, de ses fonctions d'avocat général, et s'occupa alors du plan de nomenclature méthodique pour la chimie qui fut inséré dans le Journal de physique au mois de mai de la même année. 11 avait d'abord appliqué ce plan à la théorie de Stahl ; puis il l'adapta aux idées de Lavoisier, de Pourcroy et de Berthollet. En 1786, il publia le premier volume du Dictionnaire de chimie de l'Encyclopédie méthodique. Chaud partisan des grandes réformes de la Révolution, Guyton de Morveau fut envoyé, en 1791, par la Cote-d'Or, à l'Assemblée législative, puis, en 1792 à la Convention. Il vota la mort de Louis XVI sans appel ni sursis, et devint membre du Comité de salut public, où il rendit de grands services pour l'organisation des moyens de défense. Il entra à l'Institut lors de sa formation (1796), et fut l'un des fondateurs de l'Ecole polytechnique, où il professa la chimie, et dont il devint directeur. Il s'occupa beaucoup de la question des aérostats, eut d'abord l'idée de les appliquer à l'extraction des eaux des mines, et songea ensuite à les utiliser pour la guerre ; ce fut sur son rapport que le gouvernement créa un corp d'aérostiers militaires. Dans un temps où la France se voyait menacée par de nombreux ennemis, Guyton contribua à lui faciliter les moyens de se défendre en perfectionnant les procédés pour la fabrication des poudres et du salpêtre. Nommé administrateur des monnaies en 1800, il contribua, en cette, qualité, à l'établissement du nouveau système monétaire. Enfin, on lui doit un pyromètre et de nouveaux procédés pour la fabrication du rouge à polir les glaces et l'acier.

On a de lui, dans les Annales de chimie : Combustion du diamant ; Ciments propres à bâtir sous l'eau ; Affinités et composition des sels ; Composition de certains gax ; Pyromètre; Découverte d'un minéral composé uniquement de magnésie et d'acide carbonique. Il a encore publié : Mémoire sur l'éducation publique (1702) ; Rat iconoclaste, poëme héroï-comique (1763) ; Digressions académiques ou Essais sur quelques sujets de physique, de chimie, d'histoire naturelle (1772) ; Défense de la volatilité du phlogislique (1773) ; Mémoire sur l'utilité d'un cours de chimie dans la ville de Dijon (1775) ; Éléments de chimie théorique et pratique (1776-1777) ; Méthode d'une nomenclature chimique (1787), avec Lavoisier, Berthollet, etc. ; Description de l'aérostat de Dijon (1793) ; Traité des moyens de désinfecter l'air, d'éviter la contagion, etc. (180l) ; Rapport sur la restauration du tableau connu sous le nom de Vierge de Foligno (1802), etc. Dans ce rapport, fort intéressant pour les peintres, Guyton analyse les couleurs employées par les anciens maîtres, et indique les moyens de prévenir les altérations produites par le temps sur les œuvres de peinture.