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Edmond AUDEMARS   -   Brevet n° 100

D'origine suisse, né à Le Chenit (Canton de Vaud) le 3 décembre 1882, Edmond Audemars est, de bonne heure, un sportif réputé qui, comme sprinter, ou dans les courses cyclistes de fond, remporte de brillants succès, dont le championnat du monde amateurs sur 100 km à Copenhague.

Épris de sports aventureux, Audemars vient naturellement à l'aviation. Le choix de l'appareil est bientôt fait. Au premier meeting aérien de Paris, en septembre 1909, un frêle assemblage de toile et de bambou qui, quelques jours plus tôt, a réussi à voler de Buc à Saint-Cyr, séduit le jeune sportif, qui, poids léger et de bourse légère, est attiré par cette « Demoiselle » dont le père est Santos-Dumont et le constructeur Clément Bayard.

Audemars passe aussitôt commande sous le N° 1 et au début de 1910 prend possession de son engin à Issy-les-Moulineaux. Sur cet appareil, il conquiert son brevet de pilote, le 10 juin 1910, sous le No 100.

Garros, à son tour, vient faire l'apprentissage sur le même appareil. Les deux aviateurs se lient d'une amitié à laquelle seule la mort pourra mettre un terme.

Ensemble les voilà en route pour l'Écosse, puis pour l'Amérique du Nord, où avec une équipe remarquable d'autres grands pilotes, s'effectue une tournée sportive restée fameuse.

Audemars Edmond

Rappelé par la nostalgie en France au début de 1911, Audemars, après quelques exhibitions, se laisse à nouveau tenter par une tournée en Amérique du Sud organisée par Charles Voisin. Garros et Barrier sont encore du voyage ; mais maintenant un bon « Blériot » remplace avantageusement la « Demoiselle » par trop fantasque. La tournée dure six mois au milieu de l'enthousiasme des foules et aussi de beaucoup de dangers aériens.

En 1912, Audemars rentre définitivement en France et va se signaler par deux belles performances : le premier Paris-Berlin dans une tentative pour la Coupe Pommery qu'il réalise en deux jours, suivi l'année d'après par le premier Berlin-Paris, réussi dans la journée, cette fois, sur « Morane-Saulnier ».

Puis, c'est l'ère fameuse de la haute école à la Pégoud et des loopings qu'Audemars est le sixième à réussir. Audemars qui, tour à tour, après la « Demoiselle », passe sur « Blériot », sur « Nieuport », sur « Morane-Saulnier » suscite l'admiration dans la plupart des meetings : Juvisy, Rouen, Bordeaux, Bournemouth, Lamark et en dernier lieu à celui de Vienne en 1914. Ses matches de virtuosité avec son ami Garros sont demeurés célèbres.

Mobilisé en Suisse pendant six mois, Audemars revient en France en janvier 1915 et est désigné pour effectuer les essais des prototypes de guerre Morane-Saulnier.

En 1916, il bat le record du monde de la hauteur avec 6.700 mètres.

Abandonnant l'aviation, il devient après la guerre concessionnaire, puis directeur et grand animateur de la Société Jaeger qui fabrique des compte-tours et appareils de bord pour avions.

Edmond Audemars est élevé à la dignité de commandeur dans l'ordre de la Légion d'Honneur en avril 1952. Il a reçu, en outre, la médaille de l'Aéronautique.

COMMENT, ENHARDI PAR LES AUDACIEUSES ÉVOLUTIONS D'AUDEMARS,
LÉON BATHIAT EXÉCUTA SON PREMIER LOOPING

Avant de venir à l'aviation, Léon Bathiat avait vaillamment conquis une réputation sportive de premier ordre, comme motocycliste et automobiliste. Il fut l'un des premiers à comprendre l'avenir de l'aviation où il fournit une superbe carrière. Il est, en effet, détenteur de maintes coupes et records, notamment de la coupe Pommery pour son vol Calais-Biarritz entre le lever et le coucher du soleil en 1912. Mais Bathiat n'est pas seulement un magnifique pionnier de l'aviation. L'oeuvre qu'il accomplit à l'association « Les Vieilles Tiges » qu'il préside depuis sa fondation, c'est-à-dire depuis 40 ans, est immense.

S'il consent à parler des aventures de ses camarades, il devient réticent dès qu'il s'agit de lui. Dans le récit qui va suivre, si Bathiat a été amené à évoquer un souvenir personnel, c'est parce qu'il y a vu une occasion de mettre en avant les mérites d'Edmond Audemars.

« En juin 1914, Vienne, l'accueillante capitale autrichienne, « avait attiré pour un meeting international une trentaine d'aviateurs étrangers ou français, parmi lesquels je figurais notamment « en compagnie des deux inséparables Garros et Audemars.

Audemars était vraiment un « As ». Servi par sa petite taille et par son poids léger, il était parvenu à obtenir d'appréciables « résultats avec l'appareil de ses débuts « La Demoiselle », la machine à la fois la plus petite du monde et la plus fantasque.

Par la suite, il avait acquis un style extraordinaire dans ses évolutions durant ses tournées aux Amériques devant ces spectateurs avides de sensations. Enfin, après les manoeuvres acrobatiques inaugurées par Pégoud, Audemars avait été l'un des premiers à réussir les loopings.

Sur son « Morane-Saulnier », Audemars, ce jour-là à Vienne, venait de se livrer avec sa maestria habituelle à toute une gamme de fantaisies dans le ciel. Ce diable de bonhomme venait d'exécuter toutes sortes de trajectoires au style éblouissant, lorsqu'il termina son exhibition par un tonneau réalisé pour la première fois.

Enthousiasmé, j'annonçai à mes camarades que j'allais aussi exécuter mon premier looping, je décolle, je grimpe à 800 mètres, je tire sur le manche, l'avion se cabre, passe sur le dos, y reste accroché un instant et redescend sur une aile. Je ne me rends pas compte de ce qui se passe et je perds le contrôle des commandes. Je mets toutefois les gaz au ralenti. L'avion exécute alors tout seul une série d'évolutions inattendues et extraordinaires d'une aile sur l'autre, sur le dos, en piqué, à plat, puis sur la queue. Tout à coup l'appareil semblant vouloir se remettre en position de vol normal après avoir exécuté un looping, je mis instantanément les commandes au milieu - comme on dit dans le métier - et redonnai les gaz, la brave machine se remit à voler normalement.

Puis, gaz réduits, j'atterris. Aussitôt, je fus acclamé. En vérité, j'avais eu terriblement peur.

Les câbles étaient détendus, les ailes avaient molli, les commandes n'en pouvaient plus, j'avais été à deux doigts de la rupture en vol. Mon brave coucou avait eu la gentillesse de ne pas casser en l'air et avait fait son exhibition tout seul.

Voilà ce que fut mon premier looping.

Depuis j'en ai fait bien d'autres volontairement et scientifiquement, aucun ne m'a donné une telle émotion. »

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