Physicien, aéronaute, né à Metz en 1756, mort près de Boulogne-sur-Mer en 1785.
Il était professeur de chimie à l'Athénée royal, dont il fut le fondateur en 1781, et intendant du cabinet de physique de Monsieur. Lors de l'invention des frères Montgolfier, il se consacra d'enthousiasme aux expériences aérostatiques, fit plusieurs ascensions à ballon captif et enfin entreprit (2l novembre 1783), avec le marquis d'Arlandes, la première ascension où un ballon libre ait emporté des hommes. Partis du château de La Muette, à Passy, les deux voyageurs descendirent vingt minutes plus tard à la butte aux Cailles, non sans avoir couru de grands dangers. Peu après, il reçut du roi une pension de 1000 livres.
Au commencement de l'année suivante, il se rendit à Lyon, où Montgolfier voulait lui-même tenter un voyage aérien, mais l'expérience qui fut alors faite n'eut qu'un médiocre succès. Le 24 juin 1784, Pilâtre fit, en compagnie de Prouts, une nouvelle ascension à Versailles en présence du roi de Suède, et alla descendre, au bout de trois quarts d'heure, près de Chantilly. Sa pension fut alors élevée à 2000 livres.
À cette époque, Pilâtre résolut de traverser en ballon la Manche et se rendit à Boulogne-Sur-Mer pour y construire, avec de l'argent fourni par le ministre de Calonne, une machine qu'il appela aéro-montgolfière. Il eut la malheureuse idée de combiner les deux procédés de Charles et de Montgolfier et de se servir de deux ballons, l'un supérieur gonflé d'hydrogène, l'autre qu'il alimentait d'air dilaté par la chaleur. Vainement Charles et d'autres physiciens cherchèrent à le détourner de son projet en lui disant que c'était placer une mèche allumée sous un baril de poudre ; il persista à se servir d'une invention qui devait lui coûter la vie. Pendant cinq mois, les vents lui furent contraires et les rats lui dévorèrent en partie sa machine, qu'il lui fallut réparer à grands frais. Enfin il se décida à partir en apprenant que Blanchard venait de franchir le pas de Calais. Le 15 juin 1785, il monta dans son aérostat avec le physicien Romain, refusa d'accepter comme compagne Mme de Saint-Hilaire, malgré les ordres formels de M. de Calonne, repoussa de la même façon le marquis de La Maisonfort en lui disant qu'il n'était sûr ni du temps ni de sa machine, et s'éleva dans les airs à sept heures cinq minutes du matin. Parvenu a la hauteur de 200 à 300 toises, le ballon, qui se trouvait alors au-dessus de la mer, fut repoussé vers la côte par un vent contraire. Tout à coup le taffetas creva, l'enveloppe se fendit, recouvrit la montgolfière, et la machine tomba avec une grande rapidité près de la tour de Croy, à environ 5 kilomètres de Boulogne. Les deux infortunés aéronautes, précipités d'une hauteur de 500 mètres environ, furent tués sur le coup. On fit à Pilâtre de Rozier cette épitaphe :
Ci-gît un jeune téméraire,
Qui, dans son généreux transport,
De l'Olympe étonné franchissant la barrière,
Y trouva le premier et la gloire et la mort.
On a de Pilâtre quelques Mémoires insérés dans le Journal de physique et dans un livre publié par Tournon de La Chapelle sous le titre de Vie et mémoires de Pilâtre de Rozier Paris, 1786.