Lockheed Constellation « Super-G » F-BHBL au ravitallement à Orly en 1957.
Je n'avais pas trouvé de photographie du F-BHBO...mais grâce à Philippe Hiraga, j'en ai une maintenant. Voir Les Constel's, Air France
J'avais 13 ans; c'était hier ; je m'y vois encore, tout émerveillé. Un superbe avion avec 4 moteurs et trois gouvernails, là, tout près, je pouvais presque le toucher. C'était le Super-Starliner L-1649 F-BHBO en 1957 à Orly un dimanche au mois de septembre, juste avant la rentrée. J'ai encore le petit morceau de papier sur lequel je l'avais noté. J'étais allé à Orly pour voir les avions, non pas pour l'évasion qu'ils représentaient, mais pour les formidables machines, pleines de trucs, de machins et de bidules.
Quelques années plus tard, j'en apprendrais beaucoup plus sur les 4 moteurs de 3 400ch, sur les hélices Hamilton, sur la synchronisation de celles-ci, mais n'anticipons pas.
C'est cet aéronef qui a déclenché ma carrière dans l'aviation et, depuis ce temps, je ne me lasse pas de regarder - toujours avec mon âme d'enfant - les avions de tout type décoller et atterrir et surtout celui qui me fascine toujours autant depuis 25 ans, le Concorde.
Ce qui m'attirait, c'était le « pourquoi du comment »; Comment un avion si lourd pouvait voler, comment on peut le diriger, le faire décoller et atterrir, où met-on le carburant, et plein d'autres questions qui trouvèrent leurs réponses l'année suivante lors d'une autre visite à Orly où, en gamin qui n'a peur de rien, j'avais réussi à me faufiler sur le tarmac presque sous un avion. Je fus quand même interpellé par un « mécano » qui « bricolait » sur l'avion. Tout contrit (en apparence seulement), je lui expliquais que j'étais fasciné par les avions et que je voulais voir « comment ça marche ».
Formidable qu'il fût le mécano, « appelle-moi André » qu'il me dit, puis "Que veux-tu savoir?". Les questions se bousculaient dans ma tête, n'arrivaient pas jusqu'à mes lèvres, je bafouillais, bredouillais des mots sans suite, tout se mélangeait ; j'étais sans doute tombé sur la seule personne qui n'avait pas dit « Veux-tu me foutre le camp de là » et voilà que je restais coi.
En plus d'être formidable, André était aussi pédagogue, sans doute sans le savoir, puisque que c'est lui qui posa les questions et formula les réponses.
Avec une simple feuille de papier, il me fit comprendre, en soufflant au-dessous et surtout au-dessus comment un avion pouvait voler et ce qu'était que la portance (à l'époque, en 4e, on savait ce qu'étaient les pressions et dépressions). Il me montra et m'expliqua tout : Les étoiles des pistons des moteurs, les hélices à pas variable et pourquoi, les ailerons et leurs petits volets d'aide, les volets hypersustentateurs, les gouvernes de direction, les trains d'atterrissage, et, suprême bonheur, le poste de pilotage avec tous ses cadrans, manettes, loupiotes et manches.
Moteur Pratt & Whitney
double étoile
Il parlait beaucoup André, mais simplement, doucement, avec cette passion qu'ont tous les amoureux de leur métier ; un artiste ; c'était un bonheur indicible que de l'écouter. J'avais même pas besoin de dire quoi que ce soit, il devançait mes questions. Plus de trois heures je l'ai écouté et suivi ; trois heures de joie et de béatitude. Je suis rentré à la maison en pleine euphorie et ma nuit fut peuplée d'ailes, d'hélices et de cadrans.
Merci à toi André. Je sais que c'est toi qui as guidé mes mains et ma tête lors de toute ma carrière. Une pensée émue vole vers toi, sur ton petit nuage, car tu ne peux être que là, à regarder passer tes chers avions.
L'année suivante, en 3e, je présentais 3 concours :
Cruel dilemme, les trois concours furent réussis. L'appel de l'aéronautique fut le plus fort. Je rejoignais donc l'école de Vilgénis le 12 septembre 1960 pour trois années d'internat. (Le 2 décembre 2000, nous fêtions les 40 ans de la promotion).
Trois années de rigueur et de discipline (sans exagération) ; Mais aussi trois années de découvertes, de soif d'apprendre, de camaraderie, de mécanique, d'électricité, de travail sur de vrais avions, Martin B-26 Marauder (Ci-dessous) et Constellation (À droite), de travaux manuels indispensables pour le tour de main, de sport, de modèles réduits, de Vol à Voile et d'alpinisme pendant les vacances ; de parcours Hébert (du nom de son fondateur, sorte de parcours du combattant, mais sans tir). La plupart des instructeurs étaient des eux-mêmes des techniciens aéronautiques et des anciens de l'école.
Juin 1963. Je suis le premier accroupi à gauche de la quille, fabriquée, en grande partie par mes soins, dans l'atelier aéromodélisme, dans la plus pure tradition aviation, avec couples, lisses, placage et entoilage. Elle valut une « engueulade », par le chef de centre, à M. Provost, instructeur « modèles réduits » car, lors de la cérémonie de la remise des prix, elle avait été placée dans la cour d'honneur sous le « drapeau » d'Air France et cela n'avait pas plu.
Un instructeur m'avait particulièrement subjugué, celui de métaux légers, un choumac (Chaudronnier) hors pair, qui à partir d'une feuille de dural était capable, avec seulement un darracq (marteau) de façonner une sphère parfaite. C'est aussi à cette époque que le professeur de Français, M. Charles Levinson sut ancrer mon penchant pour l'étymologie, l'histoire des mots et leur bon emploi. Un autre instructeur, Georges Le Morvan dit Jojo Le Morcif, qui avait des accointances où il fallait, avait noté les noms de ceux qui désiraient effectuer leur service militaire dans l'Aéronavale ; mon nom fut noté.
MÀJ : 2 décembre 2024
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