Astronome, mathématicien, physicien et chimiste français, né à Paris en 1774, mort en 1863.
Après avoir fait de brillantes études au lycée Louis-le-Grand, il servit quelque temps dans l'artillerie ; mais, cédant à sa passion pour l'étude, il quitta la carrière où il aurait pu se créer un brillant avenir, pour entrer à l'École polytechnique, en 1794. Il en sortit pour aller occuper une chaire à l'École centrale de Beauvais. En il fut nommé professeur de physique au Collège de France, et trois ans après, quoiqu'il fût encore bien jeune, il fut admis à l'Académie des sciences. En 1804, lorsque l'Institut fut appelé à émettre un vœu en faveur de l'établissement de l'empire, Biot, qui voulait conserver son indépendance, refusa de voter, et il agit de même, en 1815, à propos de l'acte additionnel. En 1804, il entra à l'Observatoire de Paris et fit bientôt partie du bureau des longitudes.
Alors il s'associa aux travaux d'Arago sur les pouvoirs réfringents des gaz, ainsi qu'à ceux de Gay-Lussac, qu'il accompagna dans sa première ascension aérostatique. Lès deux savants s'élevèrent dans l'air à une hauteur de près de 4000 mètres et firent ensemble des observations du plus haut intérêt. En 1806, Biot partit avec Arago pour l'Espagne, afin de continuer l'opération de la triangulation de la méridienne, commencée par Méchain. Il revint à Paris vers la fin de l'année, mais bientôt il alla rejoindre Arago et l'assista dans son travail à Fermentera. En 1809 il fut nommé professeur d'astronomie physique à la Faculté des sciences, et bientôt son cours attira de nombreux élèves. En 1817, un nouveau voyage aux îles Orcades fut entrepris pour corriger les erreurs qui avaient pu se glisser dans les observations astronomiques sur lesquelles on avait établi la mesure de la méridienne.
Quoique Biot eût surtout consacré sa vie à des travaux scientifiques, il y joignit quelquefois des productions littéraires fort remarquables. Dès 1812, il écrivit un Éloge de Montaigne, qui obtint de l'Académie française une mention honorable, et qui aurait sans doute remporté le prix, si M. Villemain ne s'était pas mis au nombre des concurrents. Tous ces écrits ont paru réunis, en 1858, dans les Mélanges scientifiques et littéraires (3 vol. in-8°). Ils lui avaient valu antérieurement sa réception à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et plus tard à l'Académie française, en 1856.
II nous reste à citer plus en détail, parmi les nombreux travaux de Biot, ceux qui ont eu le plus d'importance ; mais auparavant encore, nous rapporterons un fait qui a trait à ses débuts dans la carrière. Le jeune savant, à peine connu alors, avait présenté à l'Institut un Mémoire qui fut couronné, et qui renfermait la découverte d'une loi astronomique nouvelle. Après la séance de l'Académie, Laplace, qui avait chaudement appuyé le Mémoire, emmena Biot dans son cabinet, et mit sous ses yeux un vieux cahier écrit de sa main où la même loi se trouvait exposée d'une manière complète ; et le savant astronome n'en avait rien dit à ses collègues pour laisser au jeune lauréat toute la gloire de sa découverte. Biot, du reste, imita le désintéressement de Laplace et se montra toute sa vie plein de bienveillance pour les jeunes gens qui entraient courageusement dans la lice sans autre appui que leur amour pour la science.
Le Journal de l'École polytechnique, les Mémoires de l'Académie des sciences, les Mémoires d'Arcueil, le Journal des savants, les Annales de physique, et d'autres recueils contiennent une foule d'études où Biot discute l'intégration des équations aux différences partielles, les pouvoirs réfringents des gaz, les anneaux colorés des plaques épaisses, les phénomènes de coloration produits par la lumière polarisée, les propriétés optiques rotatoires du quartz, la polarisation lamellaire, l'invention de Daguerre et ses perfectionnements, les réfractions astronomiques, etc., etc. Outre cela, on doit à Biot les ouvrages suivants : Analyse du traité de la mécanique céleste de Laplace (1801); Traité analytique des courbes et des surfaces du second degré (1802), souvent réimprimé avec un léger changement dans le titre ; Essai sur l'histoire générale des sciences pendant la Révolution (1803) ; Traité élémentaire d'astronomie physique (1805), dont la 3e édition a paru en 1850 avec des additions considérables, en 6 vol. in-8° ; Recherches sur les réfractions ordinaires qui ont lieu près de l'horizon (1808); Tables barométriques portatives (1811) ; Recherches expérimentales et mathématiques sur les mouvements des molécules de la lumière autour de leurs centres de gravité (1814) ; Traité de physique expérimentale et mathématique (1816, 4 vol. in-8°) ; Précis élémentaire de physique expérimentale (1817); Recherches sur plusieurs points de l'astronomie égyptienne (1823) ; Recueil d'observations géodésiques, astronomiques et physiques, avec Arago (1821) ; Notions élémentaires de statistique (1828) ; Lettres sur l'approvisionnement de Paris (1835), etc.