Célèbre aéronaute, né en 1753 aux Andelys, mort en 1809, était fils d'un tourneur.
Il montra de bonne heure une vaste aptitude pour les arts mécaniques. Dès l'âge de seize ans, grâce à son esprit inventif, il avait construit une voiture mécanique ; mais ce qui le préoccupait surtout, c'était de créer une machine avec laquelle il pût s'élever et se diriger dans les airs. Dans ce but, il imagina une sorte de navire volant, muni d'un gouvernail et de six ailes ayant 10 pieds d'envergure sur 10 de large. Le 5 mai 1783, Blanchard, encouragé par les plus grands personnages, voulut faire une ascension "publique" ; il ne réussit qu'à s'élever à environ 7 mètres au-dessus de terre. Vainement il avait essayé de perfectionner sa voiture aérienne, lorsque Montgolfier inventa le ballon aérostatique. Le moteur tant cherché par Blanchard était enfin trouvé. Il ajouta à l'appareil de Montgolfier, des ailes, dans l'espoir qu'elles produiraient sur l'air la même action que les rames sur l'eau ; mais elles n'eurent aucun effet appréciable sur la locomotion. Le 2 mars 1784, au moment où Blanchard allait faire son ascension au Champ de Mars, un jeune élève de l'Ecole militaire nommé Dupont, et non Bonaparte comme on le répète à tort, ayant été repoussé au moment ou il voulait s'élancer dans la nacelle, brisa une des ailes de l'aérostat et blessa le mécanicien. Blanchard ne fit pas moins son ascension, et après avoir passé et repassé quelques heures au-dessus de la Seine, il descendit a Sèvres. Comme il avait mis sur une banderole ces mots prétentieux : Sic itur ad astra, « C'est ainsi qu'on s'élève jusqu'aux astres, » un plaisant fit cette épigramme, qui courut Paris :
Au Champ de Mars il s'envola ;
Au champ voisin il resta là ;
Beaucoup d'argent il ramassa.
Messieurs, sic itur ad astra.
L'année, suivante, Blanchard s'étant rendu en Angleterre, traversa la Manche de Douvres à Calais dans son aérostat, en compagnie du docteur Jeffries. Cette ascension, qui lui valut le surnom de Don Quichotte de la Manche, fit le plus grand bruit, bien qu'il n'eût point atteint le but qu'il se proposait - la direction des aérostats - et Louis XVI lui accorda, outre une gratification de 12 000 livres, une pension de 1200 fr. Ce fut cette même année que Blanchard inventa le parachute, si habilement perfectionné depuis par Garnerin.
L'intrépide aéronaute continua ses excursions aériennes, dont le nombre ne s'élève pas à moins de 66, non seulement en Europe, mais encore aux Etats-Unis (1793). Frappé d'apoplexie, dans une ascension qu'il fit près de La Haye, en 1808, Blanchard se trouva hors d'état d'entretenir le feu de son fourneau, fut précipité d'une hauteur de plus de vingt mètres, et mourut au commencement de l'année suivante. Il a publié une Relation de sa cinquante et unième et dernière ascension faite à Nantes (1800).
Sa femme, Marie-Madeleine-Sophie ARMANT, née en 1778, prit part aux voyages aérostatiques de Blanchard, puis en fit seule et devint d'une telle intrépidité qu'il lui arriva fréquemment de s'endormir dans sa nacelle pendant la nuit, attendant ainsi le jour pour opérer sa descente. Laissée par son mari dans un état de complet dénûment, elle continua de faire des ascensions, dont quelques-unes furent aussi brillantes que lucratives. La dernière, qui lui fut fatale, eut lieu le 6 juillet 1819 dans le jardin de Tivoli, à Paris. À dix heures et demie du soir, elle s'éleva dans une nacelle pavoisée, de laquelle elle lançait des fusées romaines ; bientôt, soit que l'une de ces fusées eût traversé le ballon, soit qu'elle eût enflammé le gaz qui s'échappait par la soupape, que Mme Blanchard n'avait point fermée, dans l'intention où elle était d'opérer prochainement sa descente, une vive lueur annonça tout à coup que le ballon était en flammes. Un cri terrible s'éleva de toutes parts ; des femmes s'évanouirent, la fête fut interrompue. Au même instant, la courageuse, mais imprudente aéronaute était précipitée du milieu des airs, au coin des rues Chauchat et de Provence, sur une maison dont elle enfonça le toit.