Phytothérapie Clinique - Pierre Manigault - Promotion 1949-1952

L'artichaut (Cynara scolymus) appelé aussi bérigoule,

est un légume-fleur, hypocalorique (50 à 75 cal par 100 g), dont :

Obtenu par améliorations successives du gros chardon sauvage, il est originaire de Carthage et des régions méditerranéennes. Il fut développé par les horticulteurs de la jeune Renaissance italienne et introduit en France par les guerres d'Italie.

Jean-Marie Pelt* rapporte :

Un certain Filippo Strozzi en aurait introduit à Florence en 1466, quelques pieds venant de Naples. En moins de cent ans, il se répand dans toute l'Europe et rallie les suffrages des gourmets. Ronsard vante ses mérites en ces termes :

« L'artichaut et la salade,
L'asperge et la pastenade,
Et les pompons tourangeaux,
Me sont herbes plus friandes
Que les royales viandes
Qui se servent à Monceau... »

Les fonds d'artichaut faisaient les délices de Marie de Médicis qui en mangeait plus qu'à devoir. Bientôt certains trouvèrent à gloser sur les vertus échauffantes que l'artichaut produirait chez les personnes du sexe... Au temps du roi Henry IV, les marchands de quatre-saisons criaient dans les rues :

« L'artichaut, le bel artichaut, pour Monsieur et Madame, pour réchauffer le cul et l'âme...»

Puis l'artichaut franchit l'atlantique et au début du XXème siècle s'installe aux États-Unis et en Argentine.

Comme tant de plantes médicinales majeures, l'utilisation thérapeutique de l'artichaut se fonda tout d'abord sur la "théorie des signatures"**. Au XVIIIe siècle, le médecin Chaumel le recommande dans le traitement de l'ictère et de l'hydropisie. En fin du premier quart du XXème siècle, c'est le pharmacien Brel qui précisent les propriétés de la plante, savoir :

D'autres chercheurs confirmeront les propriétés de l'artichaut. Les travaux de J.M Pelt, et de ses collègues Jouany, Delaveau, Bogaert et Mortier, mettront en évidence la notion de synergie des composants de la plante: l'artichaut contient de nombreux acides organiques aliphatiques dont les acides malique, citrique et succinique. Pris isolément, aucun de ceux-ci n'ont jamais révélé la moindre activité diurétique ou cholérétique. Ces activités apparaissent quand on mélange les trois acides, et sont elles-mêmes fortement potentialisées par l'addition d'un quatrième acide: l'acide hydroxyméthylacrylique contenu, lui aussi dans la feuille d'artichaut. D'où la conclusion que les propriétés d'une drogue végétale ne sont pas la somme des propriétés de tous ses constituants pris isolément.

Les qualités aphrodisiaques n'ont par ailleurs jamais été démontrées.

La phytothérapie Clinique a confirmé et précisé les propriétés de l'artichaut :

En Phytothérapie clinique, c'est la seule feuille qui est employée. Les formes galéniques utilisées sont l'extrait fluide, l'extrait sec,, la poudre, la plante en vrac et la teinture-mère (T.M).

* Jean-Marie Pelt, professeur de biologie végétale à l'université de Metz. Des légumes. Éditeur Fayard.

** Théorie ayant pris naissance au moyen âge, où une symbolique pouvait diriger un choix. Le choix du remède pouvait être fait sur la foi d'une analogie morphologique ou de couleur entre la plante et l'organe à traiter: ainsi, le suc jaune de la chélidoine, par analogie avec la bile, en faisait un remède hépatobiliaire.