C'est en 1982 que je suis passé à l'informatique personnelle avec l'acquisition d'un Apple ][ Europlus bientôt suivi par un puis deux lecteurs de disquettes 5 pouces 1/4 (par ce que enregistrer les programmes sur une casette audio...).
J'ai ébaubi mon chef de division en présentant des études économiques réalisées sur tableur Multiplan, alors qu'il n'y avait aucun ordinateur personnel à DM-LI.
C'était à l'époque (environ 1984) où une boîte française sortait une EEPROM Basicois pour remplacer le BASIC de l'Apple ][ par un basic francisé : IMPRIME, VA, SI, ALORS, LIRE, ECRIRE, etc.
Joyeuse époque des Apple ][, Oric 1, Commodore 64, Dragon 32, Vectrex, Thomson TO7, HP-41 CV et son bus HP-IL, Atari, Vic, Hector II, SHARP MZ 700, LYNX, ZX Spectrum, TI99/4A, Jupiter Ace, ZX81, Aquarius, DAI, Spectravidéo SV.318, etc.
Époque - un peu de nostalgie - du Festival du Logiciel à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon du 8 au 31 juillet 1983.
Le festival du logiciel 1983 a été organisé par le CIRCA avec le concours de la revue « L'Ordinateur Individuel » et de la coopérative de conseils TEN, avec la participation d'Antenne 2 et de RTL, de l'Agence de l'Informatique, de la Fondation de France, de VIFI Nathan, de Thomson, de la Compagnie Bull, de la Caisse des Dépôts et Consignation, du Ministère de la Culture et de l'ASCOM.
J'ai toujours, un peu jauni, punaisé sur le mur de mon bureau, un diplôme qui m'a été attribué à l'occasion de ce festival et décerné le 3 septembre 1983 pour le "Prix de gestion familiale" pour un logiciel que j'avais écrit pour la gestion de mon compte chèque sur Apple ][ Europlus. Ce programme a continué à vivre, s'est amélioré à la suite des desiderata des utilisateurs (plus de 120), jusqu'en 1993. Je suis alors passé sur PC.
Voilà ce que Jean-Louis Soulié, journaliste à la revue « Votre Ordinateur » écrivait dans le numéro de Janvier-Février 1984, à la suite d'une interview, sous le titre :
REPORTAGE SIGNES PARTICULIERS : AUTEURS DE LOGICIELS
Nous terminons aujourd'hui notre tour de France des auteurs de logiciels couronnés cet été à Avignon. Et nous faisons nôtre le propos d'Einstein : « Les fous de travail sont peut-être tout simplement en train de s'amuser... »
Quittons les rives de la Saône pour celles de la Seine, où sévit Dominique Ottello, grand partisan du moindre effort. Dès qu'un problème de vie courante se pose à lui, il réalise un programme pour le résoudre à sa place. Il a ainsi des quantités de disquettes lui permettant d'écrire ses lettres officielles, de retrouver une adresse ou un disque égaré, de gérer son CCP ou, le fin du fin, de mettre la main sur tel programme dont il a un besoin impératif. Le roi du fichage, c'est lui.
Demandez à Dominique ce que lui coûte son dada et il vous sort une disquette. « Voyons : je tape "Apple" et je vous dis ça tout de suite ». Effectivement, je lis 14 475,58 francs depuis le 23 juin 1982. Rapide calcul pour voir ce que ça fait par mois. Ouh ! la la, pas loin de huit cents francs. Est-ce bien raisonnable ?
Dominique m'a semblé être un joyeux luron. Il clame à qui veut l'entendre qu'il n'est de bon programmeur que celui qui sait s'amuser avec sa machine. Sur le mur de son bureau figure une citation du président-directeur général d'IBM :
« Un bon programme, c'est 15 % d'amusement avec la machine,
15 % de rivalité avec la machine,
15 % de synthèse,
15 % de
logique,
15 % d'imagination,
15 % de rêverie,
8 % d'idée lumineuse et subite,
1,99 % de découragement passager
et 0,01 % d'erreur. »
« Vous voyez, s'exclame Dominique, il cite d'abord l'amusement. C'est ça qu'il faut écrire dans votre article. Le reste est secondaire. » Si je
dois, à l'issue de ce voyage au pays des créateurs de logiciels, retenir une formule, ce sera celle-là. Après tout, on nous annonce que nous
sommes en train de quitter la civilisation industrielle pour entrer dans celle des loisirs. Il semble logique que notre compagnon des années
futures se révèle être un appareil doué de sens ludique. Nous pourrons ainsi bientôt dire comme Einstein :
« Les gens que l'on considère comme des fous de travail sont peut-être tout simplement en train de s'amuser. »Jean-Louis Soulié