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Ce dictionnaire espère traduire la passion indispensable qui accompagne l'évolution de l'aviation. Il ne cherche pas à forcer la postérité. Celle-ci établit son propre choix suivant des critères heureusement mystérieux. On peut affirmer simplement qu'il n'existe pas ici de second rôle. Chaque pierre tient le mur, dit-on. S'il apparaît difficile de n'oublier personne, il s'agit surtout de rendre à chacun la place qui lui revient dans cette belle mosaïque de l'histoire en général et de l'aviation en particulier. Et, plus difficile encore, de restituer, même en quelques lignes, la vérité d'une femme ou d'un homme, l'authenticité d'un fait, la cohésion d'un ensemble. Malheureusement, combien de ces « héros », adulés ou méconnus à l'époque de leur exploit, ont achevé leur vie dans la misère et l'indifférence, avant d'être « redécouverts » à l'occasion de quelque commémoration.
Ce volume incarne donc à sa façon un Panthéon sans cérémonial, une académie sans la pompe et sans délibération, en particulier pour tous ceux qui ont servi le progrès et la paix, quel que soit leur degré de réussite. Leur action, célébrée ou non, a eu le mérite' de faire évoluer l'aviation et, par là, la civilisation. Précisons aussi que, dans ce domaine de la conquête de l'air, les marins ont apporté une belle contribution, à la fois comme précurseurs, pionniers, constructeurs, pilotes, dès que l'homme se hasarda dans l'azur. Ils formèrent notamment l'essentiel des aéronautes pendant le siège de Paris et ne cessèrent pas de s'engager dans la grande aventure aérienne où nombre d'entre eux laissèrent la vie.
De même, il ne faut pas négliger le rôle, dans l'ombre, des ingénieurs et des constructeurs, des mécaniciens, connus ou non, en tout cas souvent méconnus, auxquels les pilotes servent en quelque sorte d'étendards. Les uns et les autres représentent les deux faces d'une même pièce ! Sans Alexandre Collenot, jamais Mermoz n'aurait échappé au piège des Andes !
Enfin, quelle que soit l'époque, les épopées ont heureusement leurs hérauts, leurs témoins. La presse, l'écriture, l'art en général ont largement contribué, depuis ses origines, à relater, voire magnifier en une sorte de mythologie moderne, cette aventure humaine parmi les plus palpitantes, parce qu'elle fait appel au rêve de voler qui hante chacun d'entre nous.
Ce dictionnaire ne privilégie pas la compilation simple des faits, il veut insiste! sur la dimension humaine : la chair et le sang, la faiblesse et la fragilité, l'abnégation et l'esprit de sacrifice ont en effet permis à l'aviation de forcer le progrès au point d'accomplir, en cent ans, le plus fabuleux et le plus rapide des parcours. Noublions pas cependant qu'il a fallu une gestation de deux mille ans ! L'aviation, c'est avant tout une affaire de volonté et toujours le triomphe de l'intelligence.
Entre Joachim Du Bellay, premier poète français de l'aviation, le visionnaire Léonard de Vinci, Nadar le prophète, Clément Ader, « père » du plus lourd que l'air, Louis Blériot, l'homme de la Manche, les frères Wright, Jules Verne, Amelia Earhart, Léna Bernstein, Hélène Boucher, Jacqueline Auriol ou l'aviatrice-courage Dorine Bourneton, Charles Lindbergh et Jean Mermoz, il existe une filiation, certes parfois mystérieuse, qui a mis en oeuvre des ébauches de théories élaborées au fil des millénaires et des civilisations, puis relayées par la mécanique et la technologie la plus fine, toujours soutenues par le rêve commun à tous les hommes : voler !
Bernard MARCK
Depuis l'aube des temps, Icare et ses enfants ont rêvé du ciel, de cette immensité où parfois ils voyaient un aigle tourner sa valse lente sans fin et se perdre dans les nuages. La nuit, couchés sur le dos, le pâle visage de la lune, la ronde des étoiles et leur imagination naissante emportaient les hommes loin de cette terre sur laquelle la nature les avait cloués les bras en croix !
À chaque tentative de s'élever, de quitter la prairie pentue, de s'élancer du haut d'une falaise avec des ailes improvisées, le rêve se fracassait !...
Puis un jour, le talent, la patience, le génie de l'homme ont triomphé de l'espace après un long combat semé de morts et de sacrifices.
Clément Ader, les frères Wright, Santos-Dumont, Blériot, leurs émules et leurs successeurs ont alors commencé à escalader le ciel marche par marche. Les fragiles machines de bois et de toile qu'ils inventaient pour percer le secret des oiseaux en imitant leurs ailes, les lois de l'aérodynamique qu'ils découvraient ont permis, quelques dizaines d'années plus tard, de construire des vaisseaux aériens à l'intérieur desquels des centaines de passagers voyagent de continent à continent.
Hélas, est vite venu le jour où, dans son désir de tuer mieux et plus, l'homme a perfectionné l'instrument qu'il avait baptisé aéroplane, puis avion pour en faire un instrument bientôt plus rapide que le son. Mais la flèche-fusée poussée par le feu et le tonnerre, inventée pour écraser les villes, lui a permis de s'affranchir de la gravité, une fois la paix ramenée par la peur de la science. Il a enfin compris, en se posant sur les cendres de la lune, que sa terre n'était qu'un îlot minuscule dans l'immensité du ciel.
Aujourd'hui, au moment où les photos prises par des robots nous ouvrent la vision d'un univers peuplé de centaines de galaxies, où tourbillonnent des milliers de systèmes solaires, l'orgueil de l'homme se heurte au mur de sa vie trop courte pour la durée des voyages au travers de ces espaces dont l'infini silence effrayait Pascal !
Aide-mémoire au sens propre de l'expression, ce beau livre énumère les noms et histoires des pionniers de cette fantastique aventure. Il rappelle les dates, les étapes, les échecs, les deuils, les exploits et les espoirs de la conquête du ciel !
Pierre CLOSTERMANN
MÀJ : 4 juillet 2024
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