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D'origine péruvienne, Géo CHAVEZ est né le 13 janvier 1887 à Paris où il fait ses études classiques et passe par l'école Violet d'électricité d'où il sort nanti du diplôme d'ingénieur. Géo Chavez fait partie de cette pléiade de jeunes sportifs pour qui l'aviation se révèle d'un seul coup avec ses possibilités insoupçonnées au lendemain de la traversée de la Manche par Louis Blériot.
Inscrit comme élève-pilote à l'école Farman de Mourmelon, il stupéfie ses moniteurs par la sûreté de ses réflexes. Après une dizaine de jours d'apprentissage seulement, il obtient son brevet de pilote le 15 février 1910, sous le N° 32.
Sur son biplan, Chavez participe à tous les grands meetings du printemps de l'année 1910 où l'aviation marque un essor décisif. À Nice, on l'acclame pour la hardiesse de ses vols au-dessus de la mer. Mais voici venir la seconde Grande Semaine de Reims. Séduit par l'élégance des lignes du monoplan, il passe sur appareil Blériot, atteignant au premier vol l'altitude, remarquable pour l'époque, de 1 150 mètres.
Maintenant c'est l'Italie qui convie cordialement les aviateurs français au meeting de Milan. Le « clou » de cette manifestation est la course Brigue-Milan, soit 150 km, avec escale à Domodossola, après survol de tout le massif du Simplon culminant à plus de 2 000 mètres, entreprise d'une hardiesse inouïe pour les frêles machines d'alors. En guise d'entraînement aux vols d'altitude, Chavez, le 8 septembre 1910, bat à Issy le record mondial de hauteur que détenait Léon Morane, le portant à 2 582 mètres. Il est alors sûr de sa machine. Il pourra dominer les Alpes.
Sur le terrain suisse de Briegenberg, juché à 900 m d'altitude, cinq aviateurs sont réunis qui vont tenter l'audacieuse traversée. Les plus ardents sont Chavez, Weymann et l'Italien Taddeoli. Le 19 septembre, Chavez s'envole le premier, mais de violentes rafales l'obligent à faire demi-tour. Parti quelques minutes après lui, Weymann doit également s'avouer vaincu devant les éléments. Le 22, nouvelles tentatives de Weymann qui, par trois fois, essaie de passer. L'obstacle paraît insurmontable.
Le lendemain 23, pourtant, une embellie inespérée dégage la montagne. À 13 h 29, Chavez décolle, prend de la hauteur en quelques orbes et disparaît, suivi à grand-peine par une longue caravane d'automobiles. Il survole avec aisance l'hospice du Simplon, puis dévale à grande allure le versant italien, dominant de ses frêles ailes les redoutables gorges du Gondo.
Droit devant, c'est Domodossola, c'est la prairie envahie par une foule de spectateurs gesticulants, clamant leur enthousiasme. Le monoplan perd rapidement de la hauteur ; il va se poser, il n'est plus qu'à une dizaine de mètres du sol... Et brusquement, c'est l'atroce vision, une aile a paru céder à l'attache du fuselage. L'aéroplane victorieux de l'Alpe gît fracassé sur la terre italienne. De ses débris, avec d'infinies précautions, on retire Chavez qui, blessé au visage, les deux jambes fracturées, n'a pas perdu connaissance.
À l'hôpital de Domodossola, quatre jours durant, on tentera de l'arracher à la mort. Et c'est quand on pense avoir triomphé de la camarde que Géo Chavez expire, le 27 septembre 1910.
Ainsi finit à 23 ans le héros de la première traversée des Alpes. Ses restes qui reposaient au Père-Lachaise, dans ce Paris qui lui avait fait fête durant sa courte mais éclatante carrière d'aviateur, ont été ramenés à Lima, par avion, le 12 septembre 1957.
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