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Marcel HANRIOT   -   Brevet n° 95

Hanriot Marcel

Né le 8 juin 1894, à Champlitte (Haute-Saône), Marcel HANRIOT resta longtemps le benjamin des aviateurs. Il obtint en effet son brevet, le N° 95, le 10 juin 1910, à 16 ans, puis son brevet militaire à 17 ans.

Fils de René Hanriot, constructeur des monoplans du même nom, Marcel Hanriot devient une des vedettes de tous les premiers meetings d'aviation. L'habileté du benjamin, sa ténacité dans les épreuves d'endurance, sa bonne volonté à satisfaire toutes les exigences du public, tout concourt à en faire un favori des foules.

Il débute en public à Rouen, quelques jours seulement après son brevet, en juin 1910. On l'applaudit ensuite à Mulhouse, au Havre, à Deauville, au deuxième grand meeting de Champagne, à Caen, à Dijon, à Beaune.

La Hollande, l'Angleterre et l'Italie l'acclament également tour à tour et lui permettent d'ajouter de nouvelles pages à son brillant palmarès sportif.

La guerre survenue, Marcel Hanriot participe à diverses missions de reconnaissance et de bombardement et à de nombreux vols de nuit.

Blessé grièvement, il est alors affecté aux réceptions des innombrables avions sortant des usines Hanriot, et en dix-huit mois il réceptionne 830 appareils.

La paix rétablie, Marcel Hanriot poursuit, en aimable collaboration avec son père, son oeuvre aéronautique, dont l'appareil H.D. 14, universellement connu, demeurera l'une des plus intéressantes expressions.

Chevalier de la Légion d'Honneur le 31 mai 1924, Marcel Hanriot avait été promu officier en janvier 1950. Titulaire de la croix de guerre 1914-1918, de la médaille de l'aéronautique et de plusieurs ordres français et étrangers, il est décédé à Nice fin mars 1961, à l'âge de 67 ans.

LE BENJAMIN DES AVIATEURS, MARCEL HANRIOT,
DÉBUTE EN PUBLIC AVEC LES CHAMPIONS DE L'AIR

« Je venais d'être breveté depuis quelques jours seulement lorsque j'arrivai à Rouen où allait se dérouler la Grande Semaine d'Aviation, du 19 au 26 juin 1910. Aussitôt, j'allai faire connaissance avec les plus grands As » de l'époque : Latham, Morane, Dubonnet, Cattanéo, etc., et leur cordiale courtoisie rassura le jeune pilote que j'étais, peu habitué aux manifestations semblables et tout tremblant de ne pouvoir remplir mon rôle.

Mon avion fut rapidement monté par mes fidèles mécanos et, la veille de l'ouverture du meeting, je pus faire quelques essais qui me donnèrent toute satisfaction, ainsi qu'aux nombreux spectateurs qui assistaient à ces vols.

À Rouen, dès le soir, des manifestations de sympathie me furent réservées partout, dans les cafés, au restaurant, et en particulier à mon hôtel, où le propriétaire fit poser un calicot annonçant que le benjamin de l'aviation, le jeune Marcel Hanriot, âgé de 16 ans, était l'hôte de l'établissement.

Le lendemain de ce jour, le meeting international commença.

D'accord avec mon père, il était convenu que je m'attaquerais plus spécialement aux prix de durée, de distance et de totalisation pendant ces 7 jours du meeting. La tâche était très ardue car en ce temps-là, à part la vitesse qui n'était qu'une question purement matérielle, la durée constituait une des épreuves les plus dures à gagner. Je totalisai donc le plus de kilomètres possible malgré les forts remous qui nous secouaient brutalement sur cet aérodrome et auxquels nos appareils, qui se mouvaient lentement, étaient d'autant plus sensibles.

Le soir de cette première journée fut des plus brillants, la foule des spectateurs étrangers s'était jointe à celle des enthousiastes de la région et la vieille cité était en fête, au grand dam des pilotes fatigués dont j'étais, et qui ne purent se reposer une seule minute au cours de la nuit.

Le lendemain matin, par un temps splendide, la ronde reprit autour de la piste de 3 km, malgré des remous encore plus forts que ceux de la veille.

Au cours de l'après-midi, effectuant tour sur tour, j'arrivais à la hauteur des hangars lorsque je vis Latham qui me faisait des signes comme pour me dire d'atterrir. Voulant en deviner la cause, je regardai mes ailes et, dans la fente existant entre l'aile et le fuselage, je discernai un grand hauban d'aile qui se balançait. Cette pièce avait dû casser à son attache et le danger était grand, l'aile risquant de se rompre à son tour.

Je coupai aussitôt le contact et me mis en descente, seulement, en approchant du sol, je m'aperçus que ma vitesse de translation était trop grande et que, vraisemblablement, j'irais m'arrêter dans les barrières derrière lesquelles se trouvaient les spectateurs serrés l'un contre l'autre et fort nombreux.

Craignant une catastrophe, je risquai le tout pour le tout et, demandant à mon appareil une folle ressource, je remis le contact et virai à la verticale, mon aile touchant presque la terre, tout en cabrant l'appareil pour monter. Cette manoeuvre, qui a presque toujours été fatale à ceux qui l'ont essayée - car la perte de vitesse suivait inévitablement - réussit miraculeusement et, après m'être rétabli, j'atterris normalement.

Je rentrai mon appareil aux hangars où Latham vint me complimenter d'avoir ainsi évité un accident qui aurait pu être terrible, et aussi d'avoir si près du sol réussi cette magnifique acrobatie.

Il ne fut plus question de voler au cours de cette journée, la réparation nécessitant les quelques heures du jour qui restaient. »

Marcel HANRIOT

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