L'ATEC n°2 présentait des défauts récurrents, aléatoires impossibles à mettre en évidence de manière franche.
J'y ai, avec un collègue, passé des jours et des jours ; tout a été essayé, même les croisements des calculateurs et disques avec l'ATEC n°1 ; rien à faire, toujours des défauts uniquement sur l'ATEC n°2.
Un soir, vers vingt-deux heures, lors d'un énième lancement des tests disques, soudain je sursaute... mais oui... « Michel, y'a plus de défaut au test disque », « t'es sûr ? », « oui, oui, tout baigne », « on a rien fait , c'est dingue ! ». Tout éberlués, nous nous appuyons sur le rebord d'une fenêtre en nous grattant la tête et en écoutant d'une oreille distraite un poste de radio posé sur le même rebord pour réfléchir à ce qui a bien pu, d'un seul coup, éliminer des défauts dont on cherche la cause depuis tant de temps.
Des minutes passent pendant que, sous les crânes, les cerveaux bouillonnent. Et puis, dans le silence relatif, retentit de nouveau les « bips » d'alarme des défauts disque, « merde ! » et ça part du fond des tripes. Qu'est-ce qui s'est passé pendant plus d'une demi-heure sans aucun défaut disque alors qu'il y en avait un quasiment toutes les dix secondes... toutes les dix secondes...... toutes.... les.... dix...... secondes.... ouais, le point commun et franc c'est un défaut toutes les dix secondes et c'est net lorsque l'on regarde la trotteuse de la montre. Oui, mais pourquoi uniquement sur l'ATEC 2 et puis ça continue à cogiter ferme ; « Michel, écoute la radio, y'a aussi des bips en même temps», « C'est les bips du radar », « Mais, oui, c'est bien ça, c'est le radar », « Ouais, Dominique et y'a un 747 qu'est venu sur le tarmac tout à l'heure avec sa dérive qui cachait le radar ». Nous avions trouvé, enfin.
Le lendemain, à défaut de 747, nous avons fait se déplacer sur le tarmac un gros camion de ravitaillement hôtelier pour prouver que les défauts étaient bien causés par le radar dont le faisceau, toutes les dix secondes, venait droit sur les têtes de lecture/écriture de la cartouche amovible du disque dur et, du fait des enroulements, générait des lectures erronées. Le disque de l'ATEC 2 était le seul des trois à être « à vue » par rapport au radar. En palliatif, mise en « aveugle » du local par du papier aluminium sur toutes les vitres. Recherche de vitres « antiradar », ça n'existait pas, tout du moins sous ce vocable. Après plusieurs semaines, et différents essais avec des échantillons, un double vitrage à haute teneur au plomb et argenté sur les deux faces intérieures atténuait le faisceau de plus de 102 db et c'est comme ça que Saint-Gobain a pu ajouter la mention « antiradar » sur un de ses vitrages et qu'Aérospatiale a inscrit la référence sur ses tablettes.
Maintenant vous savez pourquoi les vitrages de la salle ATEC 4000 sont argentés. Reste à connaître pourquoi ils sont inclinés d'environ 15° vers le sol... Pour éviter que les conducteurs des véhicules circulant la nuit reprennent dans les yeux la lumière de leurs propres phares.