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A cheval, au football, au tennis il est à son affaire
Mais pour souder il ne sait pas se servir d'un fer
Dans son air autoritaire dû à ses moustaches en crocs
On reconnaît que c'est un ancien mono.
Désavouant l'ajustage ou il est diplômé
Il vint se réfugier à l'électricité.
Ce roi de la bâtarde, ce limeur émérite
Nous fit pendant des heures limer de la bakélite
C'est pourtant un Français et même un bon Gaulois
Avec moustaches rousses mais cheveux couleur poix.
Il n'est pas très beau, il est même un peu laid,
Il n'a qu'un défaut, : il s'écoute parler.
Professeur trais émoulu de l'école de Vilgénis,
Il est rempli de sciences, et, comme dans un calice
Nous buvons ce nectar, sans jamais être ivres
Car tous, ce phénomène, voudrions pouvoir suivre.
Un fringant jeune homme un peu original
S'est laissé la barbe à la mode impériale
Mais ses cheveux jaloux ont poussé eux aussi,
C'est ce qui lui valut le nom de Jésus-Christ
Cet homme poivre et sel nous apprit à câbler
Mais bientôt il se trouva découragé
Car abandonnant tout, les élèves et leurs frettes
Il partit gaiement vers l'atelier maquettes.
Au volant d'une brouette ou quelque chose de semblable,
Arrive ce bigleux qui est un peu rouquin ;
Qu'il soit professeur, cela semble impensable
Et pourtant, croyez-moi, je vous jure qu'c'en est un.
Il est indéniable qu'il aime les escargots
Puisque dans l'atelier planait toujours l'odeur.
On le disait aussi amateur du goulot
Mais on nous a appris que c'était une erreur
Ce sportif retraité est notre prof d'anglais;
Du rugbyman parfait il a le gabarit.
Il a autant que nous l'envie de travailler,
Il truffe son cours d'histoires : c'est sa pédagogie.
Il nous a abandonné ce bon grand-père-gâteau
A notre triste sort au milieu des bourreaux.
C'est dommage, car, comprenant la jeunesse,
Il était pour nous plein de gentillesse.
Il a l'air d'un bon bougre avec sa bouille sympathique
Pourtant il sait nous transformer en ménagères
Avec balais, teepol et éponges métalliques
Et nous faire astiquer les B.26 et leurs aires.
Avec ses questions désarmantes
Nous ne savions qu'en penser
Avec ses notes surprenantes
Nous vîmes qu'il avait un drôle de nez.
De ce farceur avisé qui vous mène en bateau
Beaucoup pourront vous dire qu'il manie bien le rateau.
Dépannant tous les postes passant à sa portée,
Quel est son vrai métier, radio ou jardinier ?
En salle de cours il assomee et endort,
En atelier, il fait travailler sans relâche
Il est très sympathique mais parfois il se fâche
Lorsque nous bricolons et qu'il n'est pas d'accord.
Ce blondinet zozoteur sait travailler l'alu;
On est parfois tenté de lui dire « Qu'est-ce qui pue »
Quand sur ses joues palottes, il juge plus seyant
De laisser pousser quelques poils presque blancs.
Une allure de séducteur au volant de sa Dauphine
Quelques poils sous le nez appelés moustache fine,
Il est plus à l'aise en électricité
Que lorsqu'en goal il se trouve habillé.
Un accent ruthénois l'handicape pour parler,
Il ingurgite les « r » comme du petit lait,
Sa voix monocorde nous anesthésie
Que ce soit en hygiène ou en géographie.
Est-ce que ça vous a plu ? Est-ce que c'était méchant ?
Avouez, en tout cas, que ça vaut bien deux cents francs.