Précédent ( 3 sur 103 ) Suivant
Né le 13 mars 1873 à Orléans, Léon Delagrange se passionne bien vite pour le sport sous toutes ses formes, pratiquant avec une égale ardeur l'équitation, le yachting, la chasse, le cyclisme, l'automobilisme. Ce sportman se double d'un tempérament d'artiste à l'imagination féconde. Sculpteur de talent, il expose, depuis le début du siècle, au Salon, des oeuvres très remarquées jusqu'à ce que les timides essais des premiers hommes-oiseaux vinssent frapper son esprit. Délaissant ciseau et burin, Delagrange s'enthousiasme pour cette science nouvelle ; les essais des planeurs des frères Voisin sur la Seine le décident à entrer en relations avec ces pionniers de la construction aéronautique.
En 1907, il leur passe commande d'un biplan - le premier qui, équipé d'un moteur, sorte de leur usine - mais spécifie prudemment que l'appareil doit, au préalable, avoir prouvé son aptitude à voler. C'est alors une période d'essais laborieux auxquels le constructeur qui s'en réserve le pilotage, procède en compagnie de Delagrange, à Vincennes d'abord, puis à Bagatelle, où, en mars, Charles Voisin réussit une envolée de 80 mètres environ.
Quelques mois plus tard, à Issy, Delagrange s'initie, à son tour, au maniement de l'appareil. Après avoir effectué quelques décollages, un dernier essai se termine par un « cassage de bois » irrémédiable. Le « Delagrange II » muni de cloisons verticales, succède bien vite à l'appareil détruit. Le 14 mars 1908, Delagrange réussit un vol magistral de 300 mètres. Peu après, il parvient le premier à enlever un passager : Henry Farman.
Sa renommée d'aviateur s'étend à l'étranger : l'Italie l'accueille et l'accapare pour plusieurs mois : à Rome, il effectue des vols en présence du Roi et de la Cour ; Milan et Turin lui font fête. C'est dans la capitale de la Lombardie, le 8 juillet 1908, qu'il emmène la première femme qui ait quitté le sol en aéroplane, Mme Thérèse Peltier, une de ses élèves en sculpture, qui va bientôt devenir son élève en pilotage.
Delagrange se voit attribuer le brevet de pilote aviateur avec le N° 3 dès 1909. La même annee, on voit Delagrange au palmares de tous les grands meetings : à Juvisy, à Argentan, à Reims, où il abandonne le biplan pour le monoplan Blériot, plus maniable et plus rapide.
La Belgique, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Danemark l'acclament tour à tour. Le 30 décembre 1909, à Juvisy, Delagrange bat, avec 200 km couverts en 2 h 32, tous les records de durée, distance et vitesse en monoplan. Un moteur de 50 CV avait été adapté sur son Blériot.
C'est l'apogée de sa gloire. Sa silhouette aux traits fins, coiffée du légendaire bonnet de laine, illustre maintes cartes postales, gravures et chromos... Hélas ! le 4 janvier 1910, à l'aérodrome de Bordeaux, le léger monoplan, fatigué sans doute par l'adaptation d'un moteur trop puissant, se brise en l'air, ensevelissant sous ses débris son trop audacieux pilote.
Précédent ( 3 sur 103 ) Haut Suivant