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Né à Lyon, le 8 février 1862, Ferdinand FERBER entre à l'Ecole Polytechnique en 1882, puis tient garnison comme lieutenant d'artillerie à Clermont-Ferrand et à Belfort. Promu capitaine en 1893, il passe en 1896 sa licence de science. La même année, il est nommé professeur à l'Ecole d'Application d'Artillerie de Fontainebleau.
C'est en 1898 que le capitaine Ferber apprend les expériences pratiquées en Allemagne par le chercheur Lilienthal. Il étudie scientifiquement le processus des vols de Lilienthal et en tire cette importante conclusion, à savoir qu'il utilisait des vents ascendants pour effectuer des vols planés. Fort de ces conclusions, Ferber se met à construire des planeurs dont les trois premiers ne donnent pas satisfaction, mais le 7 décembre 1901, à Nice, il essaye un quatrième planeur avec lequel il se lance d'un échafaudage de cinq mètres de hauteur et parcourt une quinzaine de mètres.
En janvier 1902, Ferber est mis au courant des expériences des frères Wright. Aussitôt il se met en relation avec le savant Chanute résidant en Amérique qui lui confirme l'authencicité de ces expériences et il entreprend la construction de son planeur N° 5 type Chanute-Wright. Il est essayé en 1902 et Ferber réussit quelques glissades, mais n'ayant pas de gouvernail, il ne peut éviter la dérive latérale.
En 1903, ce planeur est perfectionné. Ferber l'essaie au Conquet (Finistère) avec un certain succès et en tire de précieux enseignements.
Son type N° 6 est muni d'un moteur Buchet de 6 CV actionnant une hélice à quatre branches. Les essais ont lieu, l'aéroplane étant suspendu à un câble accroché à un bras qui pivote autour d'un pylône.
C'est à cette époque que le capitaine Ferber est appelé à Chalais-Meudon par le colonel Renard. Dans ce centre de recherches surtout aérostatiques, les essais de Ferber ne sont pas très bien vus.
Néanmoins, Ferber continue ses expériences et le 27 mai 1905, il utilise pour la première fois son modèle N° 7 à moteur en l'accrochant à un câble soutenu par un système de pylône.
Il munit son N° 8 d'un moteur de 24 CV, mais en novembre 1906, cet appareil pour lequel l'administration n'avait pas voulu construire d'abri à Chalais-Meudon est détruit une nuit par la tempête.
Peu de temps après, Ferber découragé par le peu d'aide que lui apportent les militaires, prend un congé de trois ans pour entrer à la Société Antoinette. Celle-ci fait mettre en chantier l'aéroplane N° 9 de Ferber qui, pour la première fois, le 14 juilet 1908, vole à Issy, puis le 25 du même mois traverse tout le polygone, piloté par son inventeur.
Ferber avait créé une formule éloquente dans son laconisme : « Pas à pas, saut à saut, vol à vol » qu'il compléta par celle-ci : « De crête à crête, de ville à ville, de continent à continent. » Toutes ses prédictions, qui à l'époque paraissaient des utopies ridicules, se sont réalisées complètement.
En collaboration avec René Quinton, Ferber fonde la Ligue Nationale Aérienne et se charge de la section des élèves-pilotes.
Vers cette même époque de 1909, Ferber qui avait acheté aux frères Voisin un appareil cellulaire à moteur de 8 CV Antoinette, participe avec succès, sous le pseudonyme de de Rue à de nombreux meetings. Il s'était rendu à Boulogne-sur-Mer pour y faire des conférences et des démonstrations.
Le 22 septembre 1909, vers 10 heures, après un vol de deux kilomètres, il atterrit vent dans le dos et le moteur au ralenti. Malheureusement, il buta dans un fossé et l'appareil en se retournant écrasa l'aviateur qui mourut une demi-heure après.
Ainsi disparut, à 47 ans, le capitaine Ferber, l'un des plus remarquables pionniers du plus lourd que l'air, alors qu'il assistait au premier épanouissement de son rêve : l'avènement de l'aéroplane. Mathématicien, véritable savant, Ferber ne s'était pas contenté de construire avec ses deniers personnels ses neuf modèles de planeurs et d'avions. Par son apostolat, il avait entraîné les chercheurs français à la poursuite des aviateurs américains pour rattraper le retard de la science aéronautique française dans cette voie du vol avec moteur.
L'Aéro-Club de France avait décerné à Ferber le brevet de pilote aviateur avec le N°5 bis.
(Lettre du Capitaine Ferber en date du 29-XII-1903.)
Mon Cher Perrin,
Figurez-vous que j'ai un nouveau colonel qui ne me laisse plus prendre un homme ! De sorte que depuis vous je n'ai plus rien fait. Cela est d'autant plus fâcheux que mon concurrent américain Wright, et Chanute, un peu inquiet d'apprendre en juin que j'avais mis un moteur s'est dépéché d'en mettre un aussi et il m'a écrit il y a huit jours qu'il avait réussi à faire plus de cinq kilomètres en manoeuvrant en tous sens. Il n'y a donc plus de grande gloire à acquérir mais il y a peut-être toujours quelque chose à faire pour être de ceux qui seront à la tête de la nouvelle invention. Ce qui s'est passé pour l'automobile nous montre ce qu'il y a à faire. Dans ce cas, pourquoi ne joueriez-vous pas le rôle d'un Bouton ? Je ne pourrais pas jouer celui de Dion à moins de donner ma démission ; mais je pourrais rester dans la coulisse. Ecrivez-moi ce que vous faites, je vous tiendrai de mon côté au courant de ce qui se passe. J'ai envoyé à Monsieur Kléber « Armée et Marine » en lui demandant 's'il avait un extrême besoin de vous cet hiver.
Recevez mes amitiés.
FERBER.
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