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HENRY FARMAN est titulaire du brevet N° 5 délivré par l'Aéro-Club de France.
Né le 26 mai 1874, à Paris. Ses parents sont les correspondants de grands journaux anglais. Il a deux frères, Maurice et Dick. Il est un des plus brillants élèves de l'École des Beaux-Arts ; cependant son destin l'oriente vers les carrières ouvertes aux nouvelles générations par les progrès de la science.
Magnifiquement doué physiquement, il brille d'un vif éclat dans toutes les compétitions sportives. En 1892, il est champion de France cycliste des 100 km sur route. En tandem, il forme une équipe fameuse avec son frère Maurice. En 1902, compétiteur des grandes épreuves automobiles, il se classe premier de sa catégorie, second du classement général sur Paris-Vienne. En 1904, il dépasse les 100 km à l'heure de moyenne.
Il aborde l'aviation en 1907. Sa bonne étoile le met en rapport avec un apôtre, Archdeacon, qui lui recommande de s'adresser aux frères Voisin. Ceux-ci en sont encore à la construction des premiers planeurs type Chanute et c'est sur une machine de ce genre que Farman s'essaie avec peu de succès à quitter terre sur les dunes de Berck-Plage.
Ayant obtenu de l'autorité militaire de faire des essais en permanence sur le champ de manoeuvre d'Issy-les-Moulineaux, Henry Farman passe commande aux frères Voisin de son premier appareil à moteur. Les premiers essais ont lieu en août 1907 : ils se révèlent infructueux. Farman se rend vite compte qu'il a tout à apprendre dans le maniement de cet engin tout nouveau et après un acharnement obstiné qui ne dure pas moins de 45 jours, il parvient enfin à arracher de terre, en octobre, sa machine.
Le 26 octobre, il surclasse le record de Santos-Dumont en parcourant 771 mètres en 52 secondes.
Il s'agit maintenant de faire virer l'appareil, manoeuvre considérée par beaucoup comme impossible. Sans ailerons ni gauchissement, Farman y parvient cependant en combinant l'action insuffisante du gouvernail par des déplacements du corps sur le siège. Le 13 janvier 1908 est une date immense dans les fastes de l'aviation : pour la première fois, un aéroplane a, devant témoins, parcouru un kilomètre en circuit fermé. Farman gagne le prix Deutsch de la Meurthe-Archdeacon. Et l'on peut dire que de ce jour l'aviation est née avec toutes ses possibilités actuelles.
Après une courte exhibition en Amérique, où il se heurte à l'incompréhension absolue des foules yankees, Farman va s'installer au camp de Chalons. C'est là qu'il va soutenir contre Wilbur Wright une lutte épique dont il finira par sortir vainqueur. Pour faciliter ses évolutions, il invente l'aileron tel qu'on le retrouve encore aujourd'hui, et le 30 octobre 1908, encore une date mémorable, il réalise le premier voyage aérien : Mourmelon-Reims.
S'étant séparé de Voisin, Farman devient constructeur et va voler de succès en succès avec l'appoint du moteur Gnome : il triomphe à Bétheny, tenant l'air plus de trois heures, à Berlin, à Blackpool et s'adjuge la coupe Michelin. Il forme de nouveaux élèves qui se couvrent de gloire et continue à voler en dilettante, tandis que l'entreprise des frères FARMAN prend un essor incomparable, créant les plus beaux échantillons de la flotte aérienne française militaire et commerciale.
Après la nationalisation des usines Farman, en 1937, Henry Farman se consacre à son violon d'Ingres, la peinture, mais sans abandonner l'aviation dont il suit avec intérêt l'évolution prodigieuse.
Il s'est éteint à Paris, le 17 juillet 1958, à l'âge de 84 ans, après avoir eu la joie d'assister aux fêtes de la commémoration du cinquantenaire de son vol historique du 13 janvier 1908 à Issy-les-Moulineaux.
Henry Farman était l'une des plus illustres figures de l'aviation française. Avec lui disparaissait un pionnier, un précurseur, un inventeur, un grand industriel dont le seul nom évoquait l'âge historique de la conquête de l'air.
Médaillé de l'aéronautique, médaillé de l'Académie des Sciences, il était commandeur de la Légion d'Honneur et le 13 jan. vier 1958 son élévation à la dignité de grand officier dans l'ordre de la Légion d'Honneur avait été proposée.
Allocution de l'auteur au dîner amical du 13 janvier 1954 à l'Aéro-Club de France
C'est Henry Farman qui ouvre la campagne de l'année 1908, par un exploit magnifique, inattendu, inespéré.
Jusqu'alors, les aviateurs n'ont volé qu'en ligne droite et les derniers contempteurs de l'aviation déclarent que le virage, avec les appareils tels qu'ils sont construits, est chose impossible.
En effet, au moment de la tentative, une des deux ailes allant plus vite que l'autre, celle de la ligne enveloppante, l'effet sustentateur de la réaction de l'air n'est plus le même sur les deux ailes et l'appareil se déséquilibre. Aussi toutes les tentatives qui ont été faites ont-elles échoué.
Deux mécènes généreux : MM. Ernest Archdeacon et Henry Deutsch de la Meurthe, ont offert un prix de 50.000 francs au premier aviateur qui aura couvert un kilomètre en circuit fermé.
Henry Farman avait, en 1907, acheté un aéroplane VOISIN ; s'entraînant d'une façon progressive et méthodique, il fit des vols de plus en plus grands, en ligne droite à Issy-les-Moulineaux. Puis, quand il fut sûr de son équilibre, il s'exerça à faire au sol d'abord, puis en l'air, des quarts de virages, des demi virages. Enfin, le 11 janvier 1908, il y a exactement 4 mois qu'il a commencé son entraînement, il exécute un double virage au cours d'un vol qui dure 1 minute 45 secondes.
Immédiatement, il convoque la commission d'aviation de l'Aéro-Club de France pour démontrer qu'il est possible de virer en aéroplane.
Et, par la belle matinée du 13 janvier, à Issy-les-Moulineaux, deux poteaux distants de 500 mètres ont été posés. Henry Farman prend le départ, s'enlève, monte à 8 ou 10 mètres de hauteur, parcourt d'abord 500 mètres en ligne droite vers le poteau autour duquel il doit virer, le dépasse et, après une série de manoeuvres habiles, reprend sa route vers le poteau d'où il est parti et où il atterrit sans accident. Le vol a duré 1 minute 28 secondes.
Le prix Deutsch-Archdeacon est gagné ! Décrire l'enthousiasme des spectateurs serait difficile. On porta Henry Farman en triomphe, on l'ovationna. La presse célébra sa victoire comme elle le méritait. Il sembla que de ce jour l'aviation était réellement née.
Au dîner amical du 13 janvier 1954 Émile J. Lassalle, debout, prononce son allocution. On remarque dans le fond, de droite à gauche : Gabriel Voisin, Henry Farman, le général Martial Valin, Louis Breguet, Robert Morane et au 1er plan, de gauche à droite : Henry Beaubois, André Reboul, Louis Vallin.
Farman ne s'arrêta d'ailleurs pas là. Ses prouesses se succédèrent pas à pas, saut à saut, vol à vol, suivant la pittoresque et sage expression de Ferber. Le 21 mars, il parcourt plus de 2.000 mètres en 3 minutes 21 secondes. Au mois de mai, à Gand, il prend pour la première fois un passager à son bord : c'était Archdeacon. Le 16 juillet, à Issy, il gagne le prix du quart d'heure institué par M. Armengaud. Le 29 septembre, il vole pendant 43 minutes parcourant une quarantaine de kilomètres. Peu après, et par deux fois, il renouvelle ce même exploit.
En octobre, ayant muni son aéroplane d'ailerons équilibreurs, il fait un vol avec cet appareil modifié, avec M. Painlevé à son bord. Puis, pour la première fois, on a vu un aéroplane quitter le champ d'aviation pour faire un véritable voyage de ville à ville.
C'est en effet du camp de Châlons à Reims que Farman a volé en passant au-dessus de plusieurs villages. Ses sensations ont été décrites par lui-même : « Les peupliers grandissent de façon surprenante, raconte-t-il, les corbeaux qui tenaient une assemblée criarde, s'enfuient à mon approche épouvantés. Ah ! ces peupliers de 30 mètres ! Fallait-il passer à gauche, à droite ? Mon indécision est de courte durée. Ma foi, un coup d'équilibreur, l'appareil s'élève et passe par-dessus, cependant que d'un œil inquiet, je regarde si les ailes ne sont pas frôlées. Tout va bien. »
Avant la fin de l'année, Henry Farman effectue encore d'autres vols, gagnant officiellement notamment le prix de hauteur de l'Aéro-Club de France.
Ainsi, dès la fin de 1908, l'Aviation est pratiquement née et elle ne va pas tarder à connaître le triomphe définitif.
Mon Général, Mesdames, Messieurs,
L'Aviation a marché à pas de géants. Les années ont passé et aujourd'hui, nous fêtons le 46e anniversaire du Premier Kilomètre en circuit fermé officiellement contrôlé. Vous tous, qui êtes ici, connaissez l'oeuvre immense accomplie depuis par les frères Farman, en particulier par Henry Farman. Il est inutile de vous la rappeler.
L'homme barbu dépeint par Marcel Jeanjean sur le menu qui est entre vos mains, ne porte plus sa barbe d'autrefois et ses cheveux ont blanchi, mais tel qu'il est, l'Aviation l'aime encore et l'aimera toujours, Lui, d'ailleurs, ne l'a jamais abandonnée. S'il a quitté l'aviation active, il n'a pas cessé de s'intéresser à son avenir.
Le mois dernier, mon ami Vallin et moi, étant allés lui transmettre votre invitation pour ce dîner amical, nous l'avons trouvé à sa table de travail car il a son violon d'Ingres : la peinture, où ses oeuvres témoignent d'un véritable don artistique. S'il a été, avant tout, un grand sportif, il a également le génie inventif. Au cours de notre visite, il nous a parlé, bien sûr, un peu du passé, mais surtout d'idées et de projets ingénieux et lorsque nous l'avons quitté, nous sommes restés longtemps sous le charme de cet homme à la fois si grand et si simple.
Le Président des « Vieilles Tiges », notre cher Léon Bathiat, comme il sait le faire si bien, vous aurait dit tout cela et bien d'autres choses encore. En attendant que bientôt, il nous revienne, je serai certainement l'interprète des Précurseurs illustres de l'Aviation qui ont bien voulu accepter d'être ici ce soir, ainsi que des Personnalités présentes et des Pionniers célèbres qui ont piloté les appareils Farman, enfin au nom de tous les Amis du Musée de l'Air, en adressant à notre Cher Président, Monsieur Henry Farman, l'expression de notre profonde admiration et nos souhaits affectueux pour que de nombreux anniversaires viennent s'ajouter à celui d'aujourd'hui.
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