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Aussi habile technicien qu'adroit expérimentateur, Maurice COLLIEX, né à Lyon, le 16 juin 1880, était prédestiné à l'aviation du jour où, sur les bancs du lycée, il fit la connaissance de cet autre Lyonnais, Gabriel Voisin.
Les hasards de la vie, qui les avaient séparés, les réunissent à nouveau en 1903, et c'est pour expérimenter, avec des fortunes diverses, des planeurs cellulaires sur les coteaux du Rhône à Vassieux.
À peine installé à Paris, Gabriel Voisin mande son fidèle coéquipier, Colliex, qui, ayant déjà une certaine expérience de la construction aéronautique, alliée à un solide bagage scientifique, s'entend à merveille pour passer au crible des possibilités pratiques les idées qui bouillonnent dans le cerveau de son ami. Ét bientôt, lors d'essais probants qu'il poursuit à bord d'un nouveau planeur sur les dunes de Berck-Plage, se précise la silhouette des prochains biplans Voisin.
Après de longs mois d'un travail obscur et opiniâtre, Colliex et Gabriel Voisin voient enfin en 1907 leurs efforts récompensés : l'aéroplane Voisin vole et dès janvier 1908, Farman boucle à son bord le premier kilomètre. Bientôt les premiers clients affluent ; il faut organiser une école de pilotage à Mourmelon, et c'est Colliex qui en prend la direction, car, bien entendu, dans le labeur quotidien des mois passés, il s'est appris à voleter. Il ne se souciera toutefois de passer son brevet que plus tard en juin 1910, le N° 85.
Cette année-là, sortent les premiers appareils Voisin à construction métallique destinés à l'armée, et Colliex en assure toutes les réceptions. Il devient peu après pilote d'hydravion, car Voisin a conçu un curieux bateau volant, de la formule Canard. Essayé en terrestre, cet appareil révèle d'étonnantes qualités ; en une journée, Colliex donne à son bord 77 baptêmes à Issy. Muni de flotteurs, il l'arrache de la Seine au premier essai et réussit enfin, la première expérience de la formule amphibie entre Issy et Billancourt, en août 1911.
L'année suivante, le Canard est accepté par la Marine et Colliex en le réceptionnant à Saint-Raphaël à bord du croiseur « Foudre », dote ainsi les forces navales de leur premier appareil.
Colliex se fait ensuite constructeur et, en 1912-1913, expérimente le premier hydravion géant pour l'époque, le Jeanson-Colliex, double biplan en tandem, 90 m² de toile, 4.500 kilos, avec charge utile de 1.800 kilos. Et ça vole admirablement ! Un nouvel appareil plus puissant allait lui succéder quand éclate la guerre. Colliex est mobilisé à l'escadrille V 14, puis est affecté comme chef pilote successivement à Pau, à Avord et à Ambérieu, où il demeure jusqu'à la fin de la guerre.
Ayant ainsi totalisé au retour de la paix quelque 3.400 heures de vol et couru maintes aventures sans trop de dommage, Colliex a jugé sagement qu'il pouvait alors passer la main.
Médaillé militaire, officier de la Légion d'Honneur, Maurice Colliex avait reçu, en outre, la médaille de l'aéronautique, il est décédé le 15 décembre 1954. En lui est disparue une très grande figure de l'aviation.
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