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Henri PÉQUET   -   Brevet n° 88

Péquet Henri

HENRI PÉQUET est né à Bracquemont (Seine-Maritime), le 1er février 1888.

Dès 1905 avec Baudry, il pratique le ballon libre, et quelque temps plus tard il fait équipage avec Paulhan à bord du dirigeable « Ville-de-Paris ».

Et c'est en 1908 qu'il aborde l'aviation en entrant chez Voisin à Mourmelon où il travaille avec Colliex, Gobron et Bunau-Varilla.

En 1909, il est engagé comme mécanicien et avec un contrat chez Sanchez-Besa, qu'il accompagne au meeting de Johannistal, près de Berlin. Mais déjà Péquet qui a fait tout seul, suivant l'usage de l'époque, son apprentissage de pilote, brûle d'essayer ses ailes.

Il en aura l'occasion au meeting de Hambourg. Par un très mauvais temps, Sanchez-Besa hésite à prendre le départ, Péquet lui offre de voler à sa place, à condition que son contrat de mécanicien soit résilié. Sanchez-Besa accepte et Henri Péquet effectue son premier vol devant le public.

C'est sur appareil Voisin que Péquet passe son brevet de pilote sous le N° 88, le 10 juin 1910.

Dès lors, la vie d'Henri Péquet se déroule à travers le monde sur tous les champs d'aviation. L'Amérique du Sud, les circuits des voyages aux Indes où il procède dès 1911 aux premiers vols et à des essais de poste aérienne, forment la trame de cette jeune existence, tout entière consacrée à la conquête de l'air.

Il est l'un des premiers militaires de l'aviation du temps de paix. À Châteaufort, il sert sous les ordres d'un homme qui allait s'illustrer quelques années plus tard, au cours de la guerre : Pinsard.

Vient la guerre. Péquet qui, à sa libération était entré comme pilote d'essai chez Morane-Saulnier et avait été envoyé à ce titre en Russie, est mobilisé sur place. Il continue à servir la nouvelle arme.

Après la guerre, Henri Péquet reprend son métier de pilote d'essai, jusqu'en 1934 où il entre à l'Aéro-Club de Vichy comme chef pilote. Son activité ne se ralentit pas. Et c'est ainsi que parfois, les amateurs de l'air du Bourbonnais font leur premier vol en double commande auprès d'un homme qui est pour l'aviation une splendide publicité vivante.

Henri Péquet compte 8.200 heures de vol ce qui lui assure incontestablement un rang honorable parmi les aviateurs qui peuvent se flatter d'avoir parcouru plus d'un million de kilomètres en vol.

LE MÉCANO AUDACIEUX

Henri Péquet était au service des frères Voisin en 1908 lorsque, au camp de Châlons, après avoir procédé à son dépannage, il obtint l'autorisation de ramener un appareil qu'Anzani avait dû laisser à l'extrémité du camp et malgré qu'il ne se soit jamais assis auparavant dans un aéroplane, il réussit de façon impeccable sa première ligne droite.

Il ne devait pas s'en tenir là. L'année suivante, toujours comme mécano, il accompagnait au meeting de Johannistal, près de Berlin, le constructeur Sanchez-Besa. Or, l'associé de celui-ci, M. Edwards, avait cassé son appareil dès les premiers essais. Remis en état pour un nouveau meeting à Hambourg, l'appareil était accidenté à nouveau par M. Edwards et Sanchez-Besa hésitait à prendre lui-même le départ. Très audacieusement alors, et au grand ébahissement de tout le monde présent, Henri Péquet s'offre à prendre sa place, à condition que son engagement comme mécano soit déchiré. Sanchez-Besa, perplexe, doit s'y résigner pour ne pas déclarer forfait à ce meeting.

Aussitôt, Henri Péquet, plutôt ému, s'installe et décolle, exécute sa ligne droite, puis un virage en « table de nuit » et atterrit magistralement. Porté en triomphe par la foule, il ne peut faire autrement que de repartir encore deux fois.

Ceci s'était passé le 30 octobre 1909.

Trois jours plus tard, alors que l'Allemand Graade, principal concurrent, vient d'exécuter sur un appareil de sa construction deux tours de piste au ras du sol, Péquet, qui veut faire mieux, s'élève à une cinquantaine de mètres en amorçant son retour au terrain, mais brusquement son moteur s'arrête et notre pilote constate, avec frayeur, que le feu s'est déclaré au plan supérieur. Se souvenant qu'à Mourmelon, on répète sans cesse « En cas de panne, on pousse », il réussit à se poser, sans casse, au milieu d'un champ d'épandage.

De cette date, il est sacré aviateur.

Ce n'est toutefois que quelques mois plus tard, après avoir satisfait aux épreuves imposées, que le brevet de pilote lui est attribué. Il porte le N° 88.

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