Homme d'affaires américain, Howard Robard Hughes est né à Houston (Texas). Son père était l'inventeur d'un procédé moderne de forage qui donna une puissante impulsion à la prospection pétrolière. À l'âge de dix-neuf ans, il prend la tête de l'entreprise familiale (Hughes Tool Company), entreprise prospère au capital de 500 000 dollars. Aussi énergique en affaires que l'était son père, il parvient, en quelques mois, à acheter les actions qui lui manquaient pour contrôler totalement l'entreprise. Il s'installe à Hollywood, sûr de lui et de son avenir, confiant à un de ses adjoints : « Je veux être le plus grand aviateur du monde, le plus grand producteur du monde et l'homme le plus riche du monde. » Il s'impose dans l'industrie cinématographique avec un film épopée sur la guerre aérienne Hell's Angels (Les Anges de l'Enfer)(1) et une histoire policière, Scarface. Avec The Outlaw (Le Hors-la-loi), il se heurte au puritanisme de la censure, troublée par les formes somptueuses de Jane Russel. À cette époque, Howard Hughes est la coqueluche des gazettes et se montre en public au bras de Ginger Rogers, de Katharine Hepburn, d'Ava Gardner. Pourtant, c'est sa passion de l'aviation (2) (3) qui prend le dessus. Il a fondé à vingt-neuf ans sa propre compagnie aérienne, la Hughes Aircraft Co., et est devenu un des meilleurs pilotes de sa génération. Il établit en 1938 le record de vitesse autour du monde en avion (91 heures 14 minutes et 28 secondes) (4). À coups de millions et d'audace, il se place en quelques années au premier rang de l'aéronautique mondiale, comme constructeur et transporteur (5). Il rachète la TWA (Transcontinental & Western Air qui devient Trans World Airlines le 27 avril 1950) (6) qui, grâce à lui, obtiendra la première ligne transatlantique (7). À côté d'appareils de série, il construit un hydravion géant, le HK-1, qui pouvait contenir deux cents passagers de plus que les Jumbo jets. L'appareil ne volera que quarante secondes, piloté par Hughes lui-même (8). Rien ne l'arrête (9), il continue d'agrandir et de diversifier son empire, se lançant parmi les premiers dans la technologie électronique, s'intéressant à l'immobilier et aux jeux, au point de mettre le Nevada sous sa coupe et de devenir propriétaire de dizaines d'hôtels et de salles de jeux aux États-Unis et dans les Caraïbes.
Le déclin s'amorce au cours de la seconde moitié des années 1950 (11). C'est le temps des échecs qui commence, mais des échecs cousus d'or, puisqu'il s'agit de revendre, avec bénéfice, la TWA et les actions de la société héritée de son père. Sa fortune, impossible à évaluer, doit approcher les deux milliards de dollars. Mais un changement profond et intime s'est produit dans le personnage depuis son accident d'avion en 1948. Il n'est bientôt plus qu'une voix au téléphone pour l'immense majorité de ses collaborateurs (12) (13). En 1970, il parachève sa « disparition » en quittant Las Vegas pour établir son quartier général à Nassau, aux Bahamas. On lui prête les plus grandes excentricités, le plus sombre des caractères, mais, en fait, tout ce qui le concerne devient invérifiable. Il se met à changer de résidence de plus en plus souvent, à travers les Caraïbes et l'Amérique centrale, pourchassé sans succès par les journalistes.
Transporté d'urgence d'Acapulco à Houston (Texas) (14), Howard Hughes a disparu à l'âge de soixante-dix ans, sans un mot d'explication sur son étrange vie et, détail tragi-comique pour un homme qui était peut-être le plus riche des États-Unis, sans donner aucune indication quant à ses dernières volontés.
Première au Grauman's Chinese Theatre. Le milliardaire américain Howard Hughes présente son film Hell's Angels, avec une de ses découvertes, la blonde Jean Harlow. Les stars de la scène et de l'écran se bousculent pour obtenir le ticket à 11 dollars qui leur permettra d'entrer. C'est la première fois que l'on paye aussi cher pour voir un film. 300 000 personnes acclament l'acteur Frank Clark, venu avec son Fokker D.VII repeint en noir et blanc pour l'occasion. Le film va commencer : dans la salle, on entendrait une mouche voler. Mais, lorsque le projectionniste a la bonne idée de placer un filtre rouge devant son objectif pendant une bataille aérienne, c'est le délire. Les mots The End apparaissent et le public se lève, enthousiaste.
Pour ce film, Hughes aura dépensé quatre millions de dollars, plus que ce qu'il a jamais investi pour ses avions. A en croire les spécialistes, il n'aura pas à le regretter.
Pour certains, ce n'est qu'une lubie de milliardaire. Pourtant, c'est dans le plus grand secret qu'Howard Hughes construit l'engin de ses rêves, surnommé par les journalistes l'Avion mystère. Il veut battre le record du monde de vitesse, remporté en 1934 par le Français Delmotte sur Caudron C.460. avec 505,848 km/h. Le H-1, c'est ainsi qu'il s'appelle, a coûté la fabuleuse somme de 100 000 dollars. C'est un monoplan à aile basse de 8 m de long avec une envergure de 7,30 m.
Après avoir effectué lui-même les essais, Hughes a décollé de Martin Fields pour tenter le fameux record. Au 5e parcours, effectué sur 3 km, il a approché les 590 km/h, mais le moteur a lâché. Les spectateurs ont vu le H-1 s'écraser dans un champ de betteraves. Ils se sont précipités, convaincus d'avoir vécu un drame. Ils ont trouvé Hughes tranquillement assis sur le fuselage de son appareil, en train de prendre des notes. Ils l'ont informé qu'il avait ravi le titre au Français avec une vitesse de 567,115 km/h.
Howard Hughes a ajouté un nouveau trophée à son tableau de chasse. Après avoir enlevé il y a quelques mois le record du monde de vitesse, il vient d'établir celui du vol transcontinental le plus rapide. Il a décollé de Burkank, en Californie, aux commandes d'un avion Northrop Gamma loué à l'aviatrice Jacqueline Cochran. L'appareil fut modifié par ses soins. Il l'équipa d'un nouveau moteur Wright en étoile développant 1 000 ch. et actionnant une hélice à trois pales. D'ouest en est, il a parcouru sans escale tout le territoire américain. Après 9 h 36 min 10 s de vol, il a atterri à Newark, dans le New Jersey. Il a tenu la vitesse moyenne de 417 km/h pendant ce vol. Il a battu une fois encore le record de vitesse établi par Roscoe Turner, ce qui laisse prévoir les vols transcontinentaux de ligne.
Son navigateur est superstitieux. Howard Hughes est content de son choix : perspicace et intelligent, le lieutenant Thomas Thurlow est le navigateur qu'il faut pour la périlleuse expédition du 14 juillet. A l'hôtel, où les cinq membres d'équipage se sont installés pour quelques jours, le lieutenant est allé chercher la note. Ils doivent 13 dollars et 13 cents. Thurlow devient blême : deux fois le chiffre 13, la veille d'un départ comme celui-là ! C'en est trop pour un homme superstitieux comme lui. Ses quatre amis comprennent peu à peu ce qui l'effraie. Ils le voient courir vers sa chambre. Va-t-il décider d'abandonner ? Thurlow donne plusieurs coups de téléphone et revient. La facture s'élève à présent à 14 dollars. Un chiffre rond qui n'attire pas la malchance. Le voyage peut commencer.
Si Jules Verne a pu rêver de faire le tour du monde en quatre-vingts jours, Howard Hughes a accompli cet exploit en trois jours. Une aventure extraordinaire que ce passionné de vitesse et quatre membres d'équipage ont menée à terme. Le milliardaire avait pourvu le Lockheed Model 14 Electra des équipements les plus modernes en matière de communication et de navigation. Il avait mis dans les ailes de l'avion 40 kg de balles de Ping-Pong, pour qu'il flotte en cas d'amerrissage forcé. Le fantasque Hughes ne fait pas les choses à moitié : il avait installé à New York un centre de météorologie qui recevait et transmettait au Lockheed des informations venues des endroits par lesquels il passait, l'Europe, le Pacifique et la côte ouest des Etats-Unis. Mais Hughes est aussi un homme d'affaires avisé : son arrivée coïncida avec la foire mondiale de New-York. Il avait d'ailleurs baptisé son appareil New-York World's Fair. Autant dire qu'il ne s'attendait pas à être seul sur la piste de Floyd Bennett Field. 25 000 personnes sont venues acclamer. connu il se doit, ce record de vitesse pour un tour du monde. En 3 jours 19 heures et 14 minutes, Hughes a fait son entrée dans l'histoire.
Boeing a réussi là où Douglas est tenu en échec. Le Model 307 Stratoliner est un avion de ligne pressurisé. Il évolue à des niveaux de vol qui réduisent la consommation d'essence et augmentent la vitesse à cause d'une moindre résistance de l'air. Le dernier avantage est le confort pendant le vol qui se déroule au-dessus de la plupart des couches nuageuses. Le premier appareil de série vient de réussir son vol inaugural. Pan Am et TWA en ont déjà commandé plusieurs. Howard Hughes en attend un aussi. Dérivé du B-17, dont il emprunte les ailes, l'empennage et les quatre moteurs Wright-Cyclone 900 ch., le Boeing 307 prépare une aviation nouvelle.
Plus d'un an après le premier vol du prototype, le quadrimoteur Lockheed C-69 Constellation s'est posé à 13 h 54 à Washington, en provenance de Burbank. Aux commandes, Howard Hughes et Jack Frye, de TWA, l'ingénieur de vol Precter, le radio Glover, le navigateur Howard Bolton et douze passagers invités de Hughes, de Lockheed ou de l'USAAF. Parti la veille à 3 h 57 du matin, le Constellation a parcouru sans escale les 3 700 km séparant la côte californienne de la capitale en 6 h 57 min 51 s, soit une vitesse moyenne de 533,54 km/h. Howard Hughes est devenu actionnaire majoritaire de TWA en 1938. Il a voulu se qualifier sur tous les avions de la compagnie. Il a passé sa qualification sur Constellation, avec certaines difficultés, autour du terrain de Palm Spring. Les exemplaires destinés au marché commercial portent le nom de L-049.
Un véritable studio de cinéma volant ! D'Edward G. Robinson à Paulette Goddard, de Linda Darnell à William Powell et à Walter Pidgeon, trente-cinq vedettes de l'écran ont répondu favorablement à l'invitation de la TWA pour cette première traversée sans escale Los Angeles-New York. Le célèbre milliardaire texan Howard Hughes pilote lui-même le Lockheed Constellation, un appareil qui a commencé sa carrière commerciale le 11 décembre 1945. Le long voyage, au dire des journalistes qui accompagnaient les artistes, s'est déroulé le plus merveilleusement du monde. Un service particulièrement soigné avait été réservé aux passagers, dans un confort total a plus de 8 000 mètres d'altitude.
« Ma réputation est en jeu... Si cela se soldait par un échec, je quitterais ce pays et n'y reviendrais jamais ». C'est en ces termes qu'Howard Hughes à répondu au sénateur qui ne croyait pas en sa dernières folie : The Spruce Goose (L'Oie en Sapin). L'impressionnant hydravion HK-1 est l'engin le plus lourd du monde.
Cinq administrateurs de la firme Hughes et neuf particuliers se sont joints aux dix-huit membres de l'équipage. A côté d'Hughes, qui tient les commandes, l'ingénieur Dave, qui a imaginé le système hydraulique très complexe de l'appareil. Des milliers de spectateurs se pressent pour voir si l'hydravion s'envolera jamais. Hughes pousse enfin les quatre manettes des gaz reliées aux huit moteurs. The Spruce Goose s'élance à près de 150kmh. Au bout de très longues secondes, il hésite, s'appuie sur la crête des vagues et finit par décoller. Il ne restera qu'à 20m de haut pendant 1500m pour ensuite venir lentement retomber sur l'eau. Le pari est quand même gagné.
L'expérience a coûté vingt-cinq millions de dollars. L'état a contribué pour dix-huit millions et Howard Hughes, propriétaire de TWA en a mit sept.
Va-t-il s'en sortir ? Les médecins sont pessimistes quant au sort de Howard Hughes, qui vient d'être victime d'un terrible d'accident. Il a voulu effectuer en personne les essais de son prototype XF-11, en concurrence avec le XF-12 de Republic Aircraft. A 17 h 20, il décolle de Culver City. Chacun des deux moteurs développe 3 000 chevaux et reçoit deux hélices contrarotatives. Trois quarts d'heure plus tard, le XF-11, à 1 560 m d'altitude, amorce sa descente. Hughes perd le contrôle de l'appareil. Il augmente la pression d'admission et pousse les hélices à 2 800 tr/min. En vain. L'avion continue à perdre de l'altitude et s'écrase sur le toit d'une villa à Beverly Hills. Hughes est sorti du XF-11, inconscient. Il est transporté à l'hôpital. On constate que le cœur est décroché, la cage thoracique enfoncée, un poumon percé, et une clavicule cassée.
Gale Moore décolle l'hélicoptère XH-17 de plus de 18 t. Il est à réaction avec éjection en bout de pales. Il vole 1 min. Howard Hughes a racheté le projet en 1949 pour 250 000 dollars à la société Keilett. Celle-ci l'avait développé à la demande de l'US Army comme grue volante capable de porter 9 t.
TWA rencontre des difficultés du fait du comportement de son propriétaire, Howard Hughes. Il traite ses affaires par téléphone, refuse de dire où il se trouve.
Le Convair 880 doit sa réalisation à Howard Hughes. En 1954, il avait contacté Convair et demandé un quadriréacteur long-courrier pour TWA.
À l'issue d'une longue bataille avec l'Equitable Life Insurance Company, détentrice de créances d'une valeur de 40 millions de dollars sur TWA. Howard Hughes, qui possède 87 % du capital de la compagnie, en perd le contrôle absolu, TWA est placée sous la tutelle d'un trust d'institutions financières.
Le monde de l'aviation civile ne sera probablement plus jamais ce qu'il était, surtout aux États-Unis. En l'espace de trois ans, ce milieu a perdu ses quatre grands seigneurs, des hommes qui pendant de longues années ont présidé aux destinées des quatre plus grandes compagnies aériennes du monde occidental. À l'exception d'Howard Hughes, le plus connu du grand public, aucun d'entre eux n'a investi sa fortune personnelle dans la compagnie qu'il dirigeait. Hughes avait acheté 87% des actions de TWA en 1937. Le 3 mai dernier, au terme d'une bataille juridique qui a duré près de huit ans, il a vendu ses actions pour plus de 566 millions de dollars. Bill Patterson, lui, a été le président de United Airlines de 1933 jusqu'à son départ à la retraite le 28 avril dernier. Juan Trippe, issu d'une riche famille de la Nouvelle-Angleterre, avait pris les commandes de la Pan Am dès sa création en 1927. Il est à la retraite depuis 1964. Enfin, Eddie Rickenbacker, président d'Eastern Air Lines de 1938 au 31 décembre 1963, a réussi à hisser cette compagnie au rang des géants.
Il a consacré une très large part de ses dollars et de sa vie aux avions. L'homme d'affaires et milliardaire américain, Howard Hughes, s'est tué à bord de son Lear Jet qui le menait d'Acapulco à Houston. Il avait 71 ans. L'ancien playboy, adulé et entouré de stars vivait depuis trente ans en reclus hirsute, obsédé par la maladie et escorté de gardes du corps armés lors de ses rares sorties en public. Sa fortune, acquise grâce au pétrole et aux engins de forage, il l'utilisa à faire du cinéma, mais aussi à concevoir des hélicoptères et des bombardiers. Il dirigea un temps la TWA et prit souvent lui-même les commandes. Intuitif et casse-cou, il battit des records et pilota entre autres un hydravion géant sorti de ses usines, le Spruce Goose.