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Nous sommes dix à enfin entrevoir la liberté
Après quatre longues années de supplices endurés
KOGAN, CHEVRIER, LAUR, MASSIANI, GIGOT,
MIGNARD, LAMBERT, VILLAIN, MATIGNON, SETTIMO.
Mais avant de fuir cette école de fortune
Nous restons un instant pour laver nos rancunes
Nous ne serons pas longs, nous irons même vite
A venir à bout de ces « quarante-huit »
Car c'est le nombre exact qu'ils étaient, les traîtres,
Quarante-huit professeurs à troubler notre bien-être.
Il faut avouer que la lutte était trop inégale
Pour que nous puissions même leur montrer nos sandales.
Nous étions prisonniers, affamés, abrutis ;
Dans de telles conditions, qui aurait réagi ?
Mais se profile la silhouette de la liberté
Et maintenant nous sommes désintoxiqués.
Nous allons donc être durs pour ceux qui l'ont été
Car il n'est plus temps de tergiverser.
Si quelqu'un, pour ce qui suit, se sent humilié :
Qu'il ne compte pas sur nos mouchoirs pour sécher ses larmes.
Si, au contraire, il veut avec nous batailler
Qu'il sache bien que nous sommes prêts à prendre les armes.
Durant son interview à la télévision
Il eut un regrettable ennui de prononciation ;
Sans doute que de sa brosse un cheveu s'échappa
Et s'en vint sur sa langue entraver son bla-bla.
Il fut sûrement plus fort en rugby qu'en techno
Mais c'est avec conscience qu'il fit son boulot,
Pourtant je me permets de dire un dernier mot :
« Soyez donc moins long à rendre les interros ».
Les mains derrière le dos et les yeux aux aguets,
Dans tous les ateliers, il vient nous visiter.
Quand on fait d'la perruque et qu'on sent qu'il approche,
Au signal convenu on fourre tout dans nos poches.
Il pratique le judo pour avoir l'air d'un homme
Mais la ceinture marron est bien son maximum.
Il devra limer plus afin de garder la forme
Sinon, c'est certain, il deviendra énorme.
On se demande toujours : « Qui lui donne tous ses tics ?
La véritable cause est, pense-t-on, ses complexes.
Mais s'il parle bien en cours d'travaux annexes,
On ne peut dire qu'il a le coup de marteau magique.
C'est un vrai « parisien » que le goujon taquine
Voûté sous sa blouse grise, il ne paie pas de mine.
Nous l'aimons ; pourtant de son punch nous goûtons les restes
Et sur notre arrière-train, son pied se montre leste.
Il sera toujours à la hauteur de sa tache
Dans sa chemise blanche avec boutons de manchettes.
Il plonge dans la graisse et en ressort sas taches
Et laisse choir un réacteur pour savoir si ça pète.
Il se coiffait en brosse pour paraître plus haut,
Enveloppé tout de bleu, il était mécano ;
Son œil intransigeant décelait tout défaut
Et nous renvoyait, tristement, à l'étau.
Un puissant abdomen maintenant développé
L'empêche certainement de contempler ses pieds.
Toujours avec le pipe coincée entre les dents,
Il perruque « avec art » afin de tuer le temps.
De son dossier lui servant à faire son baratin,
Il extirpe, chaque fois, un sujet d'interro
C'est dommage car sinon ce serait un type bien
Qui ne réussit pas mal à apprendre la techno.