Fidèle lecteur de « PRESENCE » j'ai particulièrement apprécié l'article de Monsieur Pourchet dans le numéro 170 d'octobre 2012. J'ai bien connu Mr Pourchet à la DM à Orly. J'ai le souvenir d'un homme charmant, conciliant et efficace. Il est demandé à ceux qui ont connu le T6 de vous faire part de leurs témoignages.
C'est mon cas. Au cours de mon service militaire à la BA 706 de Cazaux - Division des vols -, j'ai eu la responsabilité d'une escadrille de T6 (deux avions !) il nous arrivait d'effectuer des interventions relativement importantes, notamment le remplacement d'une gouverne de direction. Je suis allé dans le hangar voisin (GV, grandes visites) pour demander quelle tension je devais appliquer sur les câbles pour la mesurer ensuite à l'aide d'un tensiomètre. Réponse « tu fais en sorte que les deux câbles soient tendus à peu près pareil ». A Vilgénis, Monsieur le Morvan ne nous avait pas formés de cette façon.
Une autre fois, nous avons décidé de repeindre un avion à l'aide d'un pistolet constitué d'une boite métallique de « Nescafé » et d'une tuyauterie branchée sur une bouteille d'air. Résultat : l'avion était pommelé comme un percheron des Flandres. Pourtant j'avais demandé conseils aux peintres d'un hangar d'à côté. (un civil). Réponse : « tu sais, moi je suis devenu peintre parce que je sais qu'il y a des temps morts. Il faut que ça sèche ».
Avant que j'arrive à Cazaux deux sous-officiers étaient revenus de Toulouse en faisant du rase motte au dessus de la Garonne. Ils n'ont pas vu assez tôt un câble de chantier qui servait à transporter des matériaux d'un côté à l'autre du fleuve, l'antenne et l'empennage vertical ont été sectionnés net. Ils sont arrivés à Cazaux en battant des ailes (plus de radio) et ils se sont posés normalement. Le lendemain ils étaient affectés à la PM (police militaire) et ils ramassaient les permissions à l'entrée de la base. Dur !
Un autre jour, un T6 roulait pour aller s'aligner en vue du décollage. Au moment où il passait devant un alignement impressionnant de chasseurs à réaction - C'était à l'époque de la Coupe Comète un chalenge de tir annuel - Un Mystère a démarré, pour lui aussi, se rendre vers la piste de décollage. Le pilote du T6 a freiné net et l'avion s'est mis en pylône : la queue en l'air et l'hélice dans le goudron.
Parfois un capitaine m'amenait à Orléans, je devenais alors mécanicien navigant. Les pleins, la pré vol et nous arrivions au dessus du château familial. L'avion décrivait quelques cercles, les gens sur le perron nous saluaient et le papa châtelain venait nous attendre à la base.
La mise en route du moteur se faisait à l'aide d'un chariot de batteries. Si ce dernier n'était pas disponible on pouvait utiliser une manivelle qui entraînait un volant à inertie. C'était dur, très long et très dur et ça ne marchait pas à tous les coups.
Mais nous ne passions pas tout notre temps sur les avions, ni au mess. Il y avait les défilés avec leurs répétitions nombreuses. Le 14 juillet, le 11 novembre, le défilé dans les rues d'Arcachon pour la coupe Comète, etc.
J'étais garde drapeau. Non pas, parce que j'étais le plus valeureux soldat mais parce que je mesurais 1,75 m, la même hauteur que le porte drapeau, un sous officier de carrière, qui devait mesurer 1,75 m et être décoré de la légion d'honneur et de la médaille militaire.
Un jour que je volais en place arrière avec un Sergent pilote il m'a laissé piloter. J'ai compris assez rapidement que l'avion volait beaucoup mieux si on ne touchait à rien et le pilote de me prévenir : « Si un jour on tombe en panne, je ne saute pas en parachute, je me crache » Je me demandais ce que j'aurais préféré.
Le fringant sous officier que j'étais a quand même passé plus de 34 mois sous les drapeaux. Je n'en ai pas de mauvais souvenir. Peut être grâce aux T6.
MÀJ : 2 décembre 2024
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