Précédent  ( 13 sur 103 ) Suivant

Henri ROUGIER   -   Brevet n° 11

Rougier Henri

HENRI ROUGIER est né le 28 octobre 1876 à Marseille.

Cycliste de la première heure, il est séduit plus tard par l'automobilisme. Il prend part et se classe en très bon rang dans les grandes épreuves.

En 1908, il s'oriente vers l'aviation.

L'Aéro-Club de France lui octroie le brevet de pilote aviateur en 1909, sous le N° 11.

Sur biplan Voisin, il porte à 190 m le record de la hauteur au meeting de Brescia.

A Berlin, il est le grand triomphateur au meeting de cette ville. Il se signale encore au meeting de Francfort, puis à celui de Blackpool où il se classe deuxième dans le Grand Prix.

A Anvers, il s'adjuge toutes les épreuves. Au meeting d'Hélio-polis, en Egypte, il obtient le prix de totalisation des distances, le prix de hauteur et le deuxième prix de la plus grande distance sans escale.

Par ses audacieuses randonnées au-dessus de la mer à Monaco en janvier 1910 et au-dessus du mont Agel, il devait mettre le sceau à sa carrière aéronautique.

Retiré à Lavalette, près de Toulon, puis à Marseille, Henri Rougier qui était atteint d'une maladie de cœur, est décédé dans cette dernière ville en juillet 1956.

Il était chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la croix de guerre et de la médaille de l'aéronautique.

UN VOL EMOUVANT DE ROUGIER AU-DESSUS DE LA MER

Henri Rougier a avoué que ses premiers débuts à Issy-les-Moulineaux lui avaient bien souvent procuré des émotions aussi fortes que variées : le premier petit bond, le premier tour en vol, le premier succès, un record, sans oublier le premier accident.

Mais l'émotion la plus forte parce que la plus longue, est celle qu'il ressentit lors d'un vol de quinze minutes seulement dans une simple tentative faisant partie d'une série d'expériences à Monte-Carlo, en mars 1910, pour le trajet de Nice et retour :

« Parti par une atmosphère calme, précédé de torpilleurs qui m'observaient, je fus pris en face le Cap d'Ail par un « grain » qui s'était abattu d'un seul coup sur la côte, et cloué sur place par un vent de vitesse égale à celle de mon appareil. Mais si je n'avançais pas, je plongeais et rebondissais comme une balle suspendue à un caoutchouc. Plusieurs fois, l'appareil, prenant avec cela des inclinaisons terrifiantes, tombait brusquement jusqu'au ras de l'eau.

« Cramponné sur mon siège, je m'attendais à être précipité dans la mer ; puis, repris par un remous ascendant, j'étais projeté à 200 mètres en l'air sans pouvoir modérer cette sarabande effrénée.

« J'essayai vainement de virer pour fuir le grain ! Ce ne fut qu'après plusieurs tentatives que je me trouvai enfin vent arrière, lancé à plus de 100 km à l'heure vers la baie de Menton où je pensais trouver un abri relatif qui me permettrait de me jeter à l'eau en sacrifiant mon appareil, à la grâce de Dieu ! Lorsque soudain, en passant devant le rocher de Monaco, je trouvai une atmosphère plus calme où n'entraient pas les sautes de vent devant lesquelles je fuyais.

« Quelle délivrance en plongeant sur le quai où je pus enfin atterrir !

« A ce moment même, à Nice, la violence du vent était telle que tous les hangars en construction pour le meeting d'aviation qui se préparait, étaient jetés bas comme des châteaux de cartes.

« J'avais eu pendant ces quinze minutes de vol toutes les émotions exaspérées de la peur, les reprises de l'instinct de la conservation, le découragement des efforts inutiles, jusqu'à l'atterrissage libérateur où je me retrouvai sur la terre ferme, trempé de sueur malgré le vent glacial, les bras meurtris, essouflé, heureux néanmoins de m'être sorti de la bagarre sain et sauf, mais vexé que les éléments m'aient empêché de réaliser mon projet. »

Précédent  ( 13 sur 103 ) Haut Suivant