Jours de France n°33 - Juin 1955
ATTERRISSAGE : Les élèves battent un record, 1/2 seconde chacun pour quitter ce cheval de Troie
Au meeting aérien du Bourget - 108 VISITEURS DU CIEL ONT BATTU UN RECORD
Dans les flancs du Breguet « Deux-Ponts », géant du transport commercial, la cargaison des 108 futurs radios et mécaniciens attend le débarquement.
Cent avions français et étrangers, parmi les plus modernes (dont 70 à réaction), ont participé pendant deux jours au grand festival aérien du Bourget. Le « Caravelle », rayant le ciel gris de sa silhouette de requin élégant, a arraché des applaudissements à plus de 250.000 spectateurs. Trois autres appareils prestigieux, « Trident », « Leduc » et « Super-Mystère » se sont partagé la faveur du public. Dimanche, le décollage de Boudier, sur le « Super-Mystère », avec un passage à 1.200 km/h, a secoué, d'une vague d'émotion, la marée des tètes tournées vers le ciel. Ministre supersonique, le général Corniglion-Molinier avait clôturé le XXI° Salon de l'Aviation, en reliant Paris à Nice, sur le « Mystère de Nuit », en 48 minutes. Une des « surprises » de ce meeting, qui marqua définitivement la rentrée internationale des ailes françaises, fut le débarquement de 108 élèves de l'École d'Apprentissage du Centre d'Instruction d'Air France de Vilgénis, du ventre d'un Bréguet en 58".
REPORTAGE : Y. M. LOREL — PHOTOS : DORKA ET ALBERT PIK
C'était hier - Voyages en mémoire
Des anciens de Vilgénis se souviennent
Faisant suite et l'article de J.G. Marais paru dans le dernier Présence (n° 127), Jean Taraboletti relate un autre vol miniature, entre Orly et Le Bourget, qui avait fait l'objet d'un article dans le n° 33 de l'hebdomadaire Jours de France, en juin 1955.
Les organisateurs du XXIe Salon de l'Aviation avaient en effet programmé un vol de démonstration avec 108 passagers à bord d'un Breguet deux-ponts du type « B763 Provence ».
L'appareil immatriculé F-BASU partit des parkings de la Direction du Matériel d'Orly, et alla se poser sans encombre au Bourget sur la distance la plus courte possible, grâce à la mise en reverse des hélices.
Sitôt immobilisés sur la piste « moteurs tournant au ralenti », les deux portes arrière s'ouvrant, nous avons sauté sur la piste, tous débarqués en 58 secondes...
Les portes refermées, l'appareil effectua un nouveau décollage, alors que nous nous dispersions dans la foule des spectateurs étonnés par cette démonstration quelque peu militaro-sportive.
Il faut souligner qu'à cette époque nous portions un uniforme de couleur brun chocolat, composé d'un pantalon de golf serré aux chevilles à la manière de Tintin, et d'un blouson genre « Battle dress » assez martial.
Je crois me souvenir que ce vol eut une durée d'une vingtaine de minutes environ.
Mais qui étaient ces 108 passagers ?
Tout simplement les élèves des quatre années d'apprentissage du Centre d'Instruction de Vilgénis de la Compagnie, dont j'eus la chance de faire partie en 3e année.
Tous futurs mécaniciens avion ou moteur, électriciens, spécialistes instrument de bord, ou radio, et qui exerceront leurs talents professionnels à Orly, Courbevoie ou en escale.
Ce fut sans doute, pour certains, comme pour moi-même, un baptême de l'air, hormis pour ceux d'entre nous issus de province et qui déjà pouvaient rejoindre leur famille aux congés avec des billets R2 ; et d'autres qui s'essayaient sportivement le jeudi au vol à voile et ensuite au vol à moteur.
Qu'était cet avion ?
Il faisait partie de la flotte des 12 appareils équipés de quatre moteurs Pratt et Whitney R 2800 CA 18 développant 2 400 chevaux. Ces appareils desservirent à partir de 1953 et durant près de 18 ans Alger au départ de Lyon et Marseille et toute l'Algérie au départ de Paris.
L'équipement du pont inférieur était assez rudimentaire, et les fauteuils peu confortables ; ce pont servait plus souvent au fret qu'aux passagers car il était moins bien insonorisé que le pont supérieur.
Six appareils furent ensuite modifiés en tout cargo, pouvant embarquer du matériel de forage pétrolier vers le Sahara ou encore des automobiles.
En conclusion, tout ceci n'est finalement qu'anecdotique. Notons cependant que cette démonstration montra au grand public international le signe de la renaissance de l'industrie aéronautique française d'après-guerre, qui nous mena à une autre réussite dans le transport aérien à réaction, c'est-à-dire la «Caravelle».
Cela fait partie de la petite histoire de l'aéronautique et de notre Compagnie.
Jean Taraboletti
MÀJ : 2 décembre 2024
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