Pierre Aubin a compté parmi les premiers commandos parachutistes déployés en Algérie. Dans un ouvrage entre faits d’armes et drames, il raconte.
C'est en apparence un retraité lambda qui coule des jours tranquilles dans son petit village solognot de Billy où il est né en 1938. Pourtant Pierre Aubin a connu une vie passionnante, parfois aventureuse et il fut souvent confronté au danger. Après avoir fréquenté l'école du village puis le collège de Selles-sur-Cher où il obtient son BEP, il intègre le centre d'instruction de Vilgenis « Air France », formation couronnée par un diplôme « Mécanicien Cellule » en 1956
Pierre revient dans l'actualité en raison de la publication d'un livre co-écrit avec son camarade Jean Guigon et intitulé : « Nous, appelés et volontaires en Algérie pour les commandos de l'air ».
Dans cet ouvrage, Pierre Aubin relate sa période d'incorporation lors de la guerre d'Algérie, pays où il passa 26 mois. « Nous sommes en 1958, la jeunesse, l'insouciance, la vie devant nous ; je suis alors mécanicien chargé des révisions des équipements à Orly, puis arrive le service militaire, je suis volontaire pour effectuer un renfort pour l'été en Algérie. Après plusieurs stages de formation militaire, une dizaine de mécanos furent enrôlés dans ces commandos parachutistes qui venaient d'être créés. »
En parcourant ces écrits, on découvre le parcours du CPA 20 où Pierre est affecté. Des opérations sur tout le territoire algérien, les bords de la Méditerranée, le Sahara, les Aurès ou encore la Kabylie. Des faits d'armes, des drames y sont évoqués, également les sentiments ressentis par ces jeunes hommes, « la peur rétrospective »après l'action, la grande solidarité et surtout l'indéfectible amitié qui les unira à jamais.
« J'ai acquis au cours de cet engagement des qualités qui m'ont servi toute ma vie, les conditions d'existence parfois difficiles, la résistance physique, l'adaptation aux changements d'horaire… m'ont prédisposé pour exercer mon métier dans de nombreuses escales, rarement de tout repos ! »
45 ans d'aviation sur une planète en ébullition
Pierre Aubin est démobilisé en août 1960 et reprend sa vie professionnelle en septembre à Air France. « J'étais alors mécanicien avion qualifié Caravelle, mais des " fourmis dans les jambes " m'amènent à choisir la vie d'escale, mes affectations successives me feront travailler dans des pays souvent théâtres de guerre : L'Égypte en 1967-1973, confrontation avec Israël lors des guerres des 6 jours et du Kippour. Le Cambodge en 1974 ou sévissent les khmers rouges puis le Laos-Vientiane où se déroulent les affrontements avec le Pathet-Lao en 1975.»
Puis des escales plus « tranquilles » : La Réunion, Alger, Île Maurice, la Guyane le rapprochent d'Orly où il finit sa carrière comme formateur en 1994. L'heure de sa retraite sonne en 1998. Il retrouve Billy pour, dit-il « y finir mes jours dans mes origines paysannes ».
Pas vraiment une retraite car Pierre Aubin s'implique à fond dans la vie des associations patriotiques notamment à l'Union nationale des Paras. « Je participe à toutes les cérémonies locales où je suis reconnu comme " photographe officiel " par mes camarades ; ma fonction de président délégué de " l'Association nationale des croix de guerre et valeur militaire " m'obligent à assumer de nombreuses tâches. »
Modeste, Pierre n'en parle pas, pourtant il est titulaire de nombreuses décorations, parmi les plus prestigieuses : Croix de la valeur militaire en 1959, Médaille militaire en 1967, Médaille d'honneur de l'Aéronautique « or » en 1994… L'homme est bavard, il détient une foule d'anecdotes, cocasses ou tragiques ; chaleureux il en fait volontiers profiter ses interlocuteurs et bien sûr ses lecteurs !