Jean-Louis Rattier
Le commandant de bord du Caudron F-BAKH était un pilote d'essai : Franco. Ce ne fut pas une petite histoire. Il vint d'abord examiner les lieux, constata le peu de place disponible entre les arbres, la pente du terrain, la remise de gaz problématique ; Le 27 juillet 1947, il décida de venir voir avec l'avion... et se posa. « De la toute petite rigolade » me dit-il.
On mit deux jours à remonter l'avion, sur des tôles huilées, jusqu'à son emplacement définitif.
Jean-Louis Rattier - Ancien Directeur de Vilgénis jusqu'en 1955
La promotion 1946-1949, entre autres, a assisté à son atterrissage été 47.
Pierre Poirot - Promotion 1946-1950 (4e année Radio)
Musée Air France (Paul Le Mesle)
Musée Air France (Paul Le Mesle)
De gauche à droite : Cornu, Ferre, Roueyre, Lemesle
Le Goéland est l'appareil bimoteur e transport léger européen le plus construit de l'entre-deux-guerres avec une production totalisant plus de 1.500 exemplaires. Sa carrière durera plus de 20 ans.
Construit à Issy-les-Moulineaux, le prototype C-440 n°1, équipé de moteurs Renault Bengali-Six de 180 ch, effectue son premier vol le 5 mars 1935 aux mains de Delmotte. Ce monoplan à aile basse cantilever monodérive et train rétractable est construit en bois, la voilure avec un revêtement de contre-plaqué entoilé. Le fuselage est en spruce et contre-plaqué.
Après quelques modifications, le C-440 n°1 F-ANKV est envoyé à Istres en septembre 1935 terminer ses essais officiels. Le nez est occupé par une soute à bagages, accessible par une porte latérale. Le Goéland possède un fuselage de section rectangulaire qui peut emporter deux hommes d'équipage et six passagers. Il est ensuite fabriqué en plusieurs versions (C-441 à C-449), les modifications portant essentiellement sur les moteurs Renault et de légères variations dans les structures. Le C-441 n°1 (ex-C-440 n°2) est doté de moteurs Renault 453 de 200 ch. L'appareil, immatriculé F-ANKX, est peint aux couleurs d'Air France pour un vol de démonstration le 31 août 1935 effectué par Lionel de Marmier.
La version C-444, qui conserve la même voilure que le C-441, est construite à 17 exemplaires. Elle est équipée de moteurs Renault 6Q-00/01 tournant en sens inverse. Quelques changements ont été apportés par l'ajout de cloisons d'aile à l'intrados et une dérive plus arrondie.
La principale version, le C-445, quasi identique au C-444, est réalisée à plus d'un millier d'exemplaires. Intéressée par cet appareil de transport, l'armée de l'Air demande au bureau d'études de Caudron une variante offrant un aménagement intérieur modulable (passagers ou fret). Cette version militaire, capable de remplir indifféremment des tâches de transport ou d'entraînement, est baptisée C-445M et commandée le 18 mars 1938 (marché n°2340/8). Au total, 90 exemplaires sont construits.
Une version sanitaire appelée C-447 peut emporter 4 civières et un infirmier (25 construits). La douzaine de C-448, dérivé direct du C-444, en conserve la voilure mais reçoit de nouveaux moteurs Renault.
Des Goéland sont mis en service dans de nombreuses compagnies aériennes civiles. En 1936, Air France commande 3 Caudron C-445 Goéland (F-AOYP, F-AOYQ et F-AOYR) vendus un an plus tard à une société-écran agissant pour le compte des républicains espagnols. Air Bleu utilise un C-444 (F-AOMR) en 1937 et 3 C-445 (F-AOYS, F-AROV et F-ARQN) en 1939 pour sa ligne postale nocturne Paris-Pau. La Régie Air Afrique met en ligne des C-444 sur ses lignes secondaires entre Gao et Bamako et sur la transversale d'AFN. Il s'agit des C-444 F-AOMP « Harmattan », F-APKP « Sirocco », F-APKQ « Bourrasque », F-APKR « Cyclone », C-445 F-APYP « Tourbillon », C-448 F-AQCG et F AQCH « Ouragan ». L'Aéromaritime en exploite 2 exemplaires (C-444 F-AOMT et C-445 F-APYO) sur le parcours Gao Niamey. Quatre Goéland affectés au Gouverneur Général de Madagascar sont utilisés sur les lignes intérieures : C-445 F-AOMS, C-448 F-APKS « Jacques Ringel », C-449 F-ANQR « L'Orombe » et F-ARTV « L'Ankaratra ».
Le modèle est exporté vers la Yougoslavie (2 C-445 pour Ae¬roput), la Bulgarie (qui commande des C-444 pour ses lignes domestiques) et l'Aviation Militaire belge. L'Argentine achète un C-441 en 1937 tandis que les LAPE espagnoles exploitent 3 Goéland C-445 (EC-AGF, EC-AGG et EC-AGH).
En France, l'armée de l'Air et l'Aéronautique navale l'utilisent comme avion de transport et d'entraînement. Les bimoteurs sont affectés aux écoles (Avord, Istres), centres d'instruction et dans les GAO pour la liaison. La Marine passe en 1939 une seule commande (marché n°1549/9) portant sur 60 exemplaires qui sont versés dans plusieurs sections d'entraînement et de servitude.
La production du modèle C-445-1 commencée en 1939 se poursuit sous l'Occupation à l'usine Renault de Billancourt (690 machines sont assemblées pour le compte de la Luftwaffe qui s'en sert comme appareil d'entraînement).
Sous Vichy, des Goéland intègrent les Services civils de liaisons aériennes métropolitaines (SCLAM), ainsi que ceux d'AOF (SCLAOF) et d'AFN (SCLAFN). Une version dénommée C-445EF est produite à 120 exemplaires en 1942-43 pour équiper l'armée de l'Air d'armistice (marchés n°160/41 et 1099/42).
En avril 1942, la Slovaquie reçoit des Allemands une dizaine de C-445M.
Les 325 exemplaires du C-449 sortent des Ateliers Aéronautiques d'Issy-les-Moulineaux après la Libération. L'Aéronautique navale utilisera des C-445-1/C-449-1 de 1943 1954 pour la liaison dans diverses formations et comme appareils école (escadrilles 51S et 55S).
Après la guerre, Air France acquiert une flotte importante de Goéland pour l'entraînement de ses pilotes et les vols postaux de nuit. Au 1er janvier 1946, la compagnie compte 23 C-445 et 19 C-449 qui seront ensuite cédés ou vendus. Plusieurs seront utilisés à Madagascar et en AFN.
Parmi les autres opérateurs français d'après-guerre de nombreux opérateurs privés parmi lesquels Air Azur. En Belgique, la SABENA en possède 3 (OO-CEB, OO-CEC et OO-CEB).
Ce Caudron C.440 avec la Croix de Lorraine sur la dérive (M.119) devait faire partie des 25 "Goéland" rescapés de l'ancien SCLAM (Section Civile de Liaisons Aériennes Metropolitaines) et réquisitionnés, le 12 février 1945, pour constituer le RLAF (Réseau des Lignes Aériennes Françaises), en réalité, Air France fonctionnant en régie.
Il s'agit du Caudron C.445 F-BAKH, fabriqué aux Ateliers Aéronautiques d'Issy, sous le CN 9245-509, enregistré par la Direction des Transports du Ministère de l'Air le 21 mars 1945.
La plupart des avions ayant participés à la reconstruction d'Air France, sont cédés ou vendus pour ne garder, fin 1947 - début 1948, que des avions de type Douglas DC3 et DC4, Languedoc, Lockheed Constellation et SO 30R.
Cet avion « le Goéland » me rappelle quelques bons souvenirs, car figurez-vous qu'il servait dans les années 1950 à l'entraînement des pilotes d'AF et notamment ceux qui étaient en stage CDB. J'ai donc eu le privilège d'effectuer mon baptême de l'air, je pense à Moisselles , 95, avec les futurs CDB de la promo de mon tonton ; Ce jour-là, par mauvais temps, ils effectuaient une série de « touch and go » qui fut interrompu par un nettoyage obligatoire du poste, mon repas n'ayant pas résisté. Je pense que cela se passait en 1957 et c'est sûrement ce qui m'a décidé à passer le concours en 1958.
Encore un coup de souvenir bon et triste à la fois ; Mon tonton que j'adorais (parti en retraite avec 30000 HDV) nous a quitté il y a maintenant 4 ans.
Témoignage de Michel Jeanneret - Promotion 1958-1961
MÀJ : 2 décembre 2024
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