Le Centre d'Instruction Air France s'était installé après la Libération dans le château de Vilgénis et ce qui restait de ses annexes, ferme et communs.
Les toitures furent réparées, les bâtiments reconstruits partiellement et consolidés à grand renfort de poutres de béton et, finalement, le château recouvra son habitabilité, sinon son lustre, sans trop pâtir dans son aspect extérieur de toutes ces transformations.
Mais ces locaux assez incommodes étaient mal adaptés à l'installation d'une école technique et d'un internat et, de toute façon, insuffisants.
Il fallut donc construire, dès 1946, des baraquements de bois qui devaient être provisoires et ne durer que cinq ans, le temps nécessaire, pensait-on, pour mûrir un projet d'école définitive et le réaliser.
Ces « chalets » durèrent dix-sept ans, coûtèrent cher d'entretien, mais rendirent les services que l'on en espérait et même au-delà.
En fait, la question de la construction d'une école en « dur » fut posée dès la prise de possession du domaine de Vilgénis par Air France. Le développement des stages pour le personnel au sol, puis pour le personnel navigant, avait nécessité la réalisation de bâtiments légers à usage de salles de cours, mais qui n'intéressaient que partiellement l'apprentissage.
Cependant, pour diverses raisons, budgétaires entre autres, on hésita longtemps à lancer cette réalisation et ce n'est qu'en 1959 que fut prise la décision de reconstruire l'école et que les crédits correspondants furent accordés.
Le déblocage des sommes nécessaires ayant été reporté à 1961 par le Commissariat général au Plan, le chantier ne s'ouvrit qu'au début de 1962.
Une série de contraintes qui s'étaient révélées au cours des années précédant la mise en œuvre, amenèrent assez naturellement à la solution adoptée.
La capacité de l'Établissement, maintes fois discutée, avait vu son niveau fixé à 200 élèves environ, ce qui représente trois promotions d'une soixantaine de jeunes gens plus, éventuellement, une quatrième année de spécialisation d'importance numérique faible. Cet effectif, qui correspondait aux surfaces habitables offertes par les chalets de bois, avait pu paraître un peu faible à certaines périodes fastes du développement de l'Entreprise, mais la conjoncture actuelle justifie, a posteriori, la position prudente adoptée finalement. Disons, d'ailleurs, qu'à d'autres époques ces promotions de soixante élèves furent jugées d'une importance excessive. Mais il serait difficile de « moduler » plus précisément le nombre d'apprentis à former puisque ceux-ci, compte tenu du temps de service militaire, ne sont guère utilisables en production que cinq années après leur entrée à l'école et des événements récents ont montré combien étaient fragiles les prévisions quinquennales des compagnies aériennes.
Constatons simplement que l'effectif ainsi défini, d'une façon assez empirique, semble fort raisonnable, car il ne serait guère possible de justifier économiquement pour moins de 200 élèves l'existence d'un internat qui représente tout de même une sujétion assez lourde.
Et, d'autre part, l'apport annuel de soixante jeunes ouvriers instruits au sein de la Compagnie, sans compenser absolument l'usure des effectifs techniques par départs naturels, assure un rajeunissement appréciable de ceux-ci et constitue une source non négligeable de promotion ouvrière.
Une autre contrainte fut bien entendu, l'importance des crédits de toute façon limités que la Compagnie pouvait affecter à cet investissement. En particulier, il fallut renoncer à reconstruire les ateliers en même temps que l'internat. Il était, en effet, plus urgent d'améliorer les conditions de logement des élèves qui posaient un problème assez grave de bien-être et même d'hygiène et de sécurité. Les chalets ateliers, tout en étant vétustes, répondaient bien à leur destination. Si bien d'ailleurs qu'il est envisagé de les rebâtir dans les années qui viennent, sur le même plan et le même emplacement.
Enfin, entre temps, le site de Vilgénis avait été classé par les Monuments historiques, ainsi que les façades et toitures des quelques bâtiments des XVIIe et XIXe siècles ayant conservé une partie de leur cachet d'origine et la Commission des Sites imposait avec raison pour la reconstruction, le dégagement de la perspective sud du château, ce qui excluait l'utilisation de l'emplacement des baraquements qui doivent disparaître et être remplacés par une pelouse.
Elle souhaitait, aussi, que les nouvelles constructions s'harmonisent avec le site et soient suffisamment dissimulées dans les arbres. Une construction en hauteur était par conséquent à éviter.
Dès lors, le choix entre les emplacements possibles qui devaient être à proximité des bâtiments conservés, de la bordure de la propriété le long des routes la desservant pour des raisons de commodité et dans la partie haute du domaine pour des raisons d'agrément devenait restreint. D'autant plus que l'Est du domaine était à l'époque l'objet de divers projets d'utilisation qui excluaient l'installation de l'internat.
Le terrain finalement retenu à l'ouest du château est agréable par sa pente douce et la vue qu'il offre sur les collines encore boisées de la vallée de la Bièvre.
Cette disposition groupe assez symétriquement par rapport au château, qui reste le siège du commandement et de l'administration, d'une part, l'ensemble des ateliers et salles de cours techniques à l'Est, d'autre part l'école d'apprentissage.
Bien entendu, il fallut tenir compte aussi des normes d'habitabilité et d'installations scolaires de l'Éducation nationale.
C'est donc dans ce cadre que l'architecte, M. Gazagne, étudia son projet qui aboutit à la réalisation actuelle.
Les constructions s'étalent et s'étagent sur un plan modérément incliné, leur hauteur limitée à deux niveaux d'habitation est nettement inférieure à la cime des arbres environnants qui ont été respectés.
L'ensemble est constitué par des corps de bâtiments distincts ayant chacun une fonction déterminée, mais reliés entre eux soit par des passages intégrés à la construction, soit par des allées couvertes.
Le plus important de ces bâtiments est l'internat proprement dit, constitué par quatorze dortoirs de 48 élèves chacun, situés dans deux ailes à deux étages légèrement décalées l'une par rapport à l'autre et communiquant par un escalier central et des passages avec le bâtiment des salles de cours et par des préaux avec le foyer des élèves et le gymnase.
Chaque dortoir comprend six chambres de huit pensionnaires chacune. A chaque chambre correspond, de l'autre côté d'un couloir central, une salle d'eau avec huit lavabos individuels, un pédiluve et une douche, ainsi que des glaces équipées de prises pour rasoirs électriques. Bien entendu, chaque élève dispose, dans les chambres, d'une armoire individuelle et d'étagères pour ses affaires personnelles et d'une armoire de toilette dans la salle d'eau.
Une installation de sonorisation, avec haut-parleur dans chaque chambre, permet de faire des annonces et de diffuser de la musique. Le tableau de commande de l'éclairage est situé dans la chambre du surveillant.
Sans sortir du bâtiment, on peut passer de ces dortoirs dans les classes qui sont organisées en deux niveaux : au rez-de-chaussée, salles spécialisées, physique-chimie, technologie et dessin ; à l'étage, salles de cours ou d'études équipées de casiers individuels dans lesquels les élèves peuvent ranger leurs affaires scolaires. Par le couloir du bâtiment des classes, on atteint un passage vitré qui donne accès à l'auditorium, amphithéâtre de deux cents places qui, normalement, sert de salle de cours et d'études, mais permet également de réunir l'ensemble des promotions et tient lieu de salle de projection cinématographique pour les apprentis ou les stagiaires.
Les classes et l'une des ailes-dortoirs s'organisent autour d'une cour d'honneur carrée dont le bâtiment de l'administration de l'internat limite le côté sud et comporte, au premier étage, le logement du surveillant général et, au rez-de-chaussée, des bureaux pour le personnel, une salle d'attente et un parloir.
Sur le côté Est de la cour d'honneur — et aussi proche du château, des ateliers et des salles de stages que l'a permis le respect du site — s'élève le restaurant. Il est utilisé par les apprentis, les stagiaires et le personnel du Centre et pour cette raison, se situe à des distances à peu près égales de tous les lieux d'activité. Il comprend au sous-sol vestiaires, toilettes et dépendances de l'office et, au rez-de-chaussée, une cuisine moderne et une salle de restaurant largement éclairée par des baies vitrées donnant sur le parc. Un double escalier, partant du niveau inférieur, permet l'accès à cette salle bien insonorisée. On y peut servir plus de trois cents repas, c'est-à-dire tous les élèves en une seule fois. Ceux-ci y prennent leur petit déjeuner, leur déjeuner et leur dîner. Mais, à midi, un premier service reçoit les stagiaires et une partie du personnel du Centre et un second les apprentis et le reste des agents.
Tout à fait à l'Ouest de cet ensemble se succèdent le foyer des élèves et les installations sportives.
Le foyer, auquel on accède facilement du dortoir à l'abri de préaux, comprend une vaste salle commune et plusieurs petites pièces destinées à des activités ou des jeux divers, la bibliothèque, la discothèque, le coin de télévision. Ces locaux s'ouvrent sur un patio par lequel on peut accéder au gymnase.
Ce dernier est un vaste hall équipé de tous les agrès permettant la pratique de l'éducation physique et de quelques jeux d'équipes n'exigeant qu'un espace limité, basket-ball, volley, par exemple. Une salle de judo y est adjointe également.
Dans des locaux annexes sont installés vestiaires et douches. La façade du gymnase, entièrement vitrée, donne sur le terrain de sports, plateau d'hébertisme équipé suivant les standards de l'Éducation nationale et qui complète, fort bien sur le plan esthétique, les constructions en les dégageant par une vaste esplanade permettant d'en apprécier l'ensemble.
Cette aire de culture physique n'est pas un stade et pour des sports nécessitant des espaces plus étendus, football par exemple, ou des parcours variés, les prairies du domaine équipées rustiquement continueront à être utilisées ; elles suffisent, d'ailleurs, compte tenu de la possibilité d'utiliser en certaines circonstances des stades ou des installations extérieures au prix, cependant, de déplacements parfois peu aisés.
En dehors de cet ensemble, un peu à l'écart, est l'infirmerie avec au premier étage un dortoir de huit lits et quelques chambres d'isolés. Au rez-de-chaussée sont situés le cabinet de consultation du médecin, celui du dentiste, un laboratoire d'analyses, une chambre de radiographie.
Tous ces locaux sont traités intérieurement en couleurs claires et gaies et largement éclairés. L'extérieur des bâtiments, assez sobre, est habillé de pierre taillée et d'allèges de bois exotique verni.
L'école est peu visible de l'extérieur de la propriété en raison du relief du terrain et du rideau d'arbres qui la sépare des routes voisines.
Le transfert de l'école d'apprentissage dans les bâtiments neufs sera l'occasion, dans les années à venir, d'un aménagement du parc, au moins au voisinage du château, conformément aux recommandations de la Commission des Sites. La disparition des chalets de bois permettra le dégagement complet de la perspective sud du château jusqu'au rideau d'arbres qui borde la propriété. Un vaste tapis vert s'étendra alors dans cet espace, bordé par quelques bosquets dont la végétation actuellement anarchique sera disciplinée.
Peu d'écoles dans la région parisienne peuvent offrir aux jeunes gens un cadre aussi propice à leur développement, avec une « densité » d'habitants aussi faible.
Les nouveaux bâtiments de l'internat apportent de plus aux élèves des conditions de vie matérielle confortables et agréables, et des moyens de formation générale et technique qui placent certainement l'école d'apprentissage d'Air France dans le peloton de tête des écoles d'entreprises et même des écoles publiques de destination analogue.
Comme toutes les grandes entreprises nationales ou privées. Air France apporte ainsi, et d'une façon décente, sa quote-part à la tâche d'éducation devant laquelle le pays se trouve et dont l'ampleur semble actuellement un peu déborder les administrations qui en ont la charge sur le plan national.
Il suffirait aussi de constater la place de plus en plus grande qu'occupent maintenant, en nombre et en qualité, les anciens apprentis dans les services de la Compagnie pour montrer qu'un tel investissement est rentable pour l'entreprise, en dehors même des préoccupations d'intérêt plus général que l'on pourrait légitimement évoquer en l'occurrence.
Légende photo 1: Une place importante est faite à l'éducation physique dans la formation des apprentis. Indépendamment des ressources extérieures qu'offre le parc (aire de culture physique, terrains de sport, piscine), un grand gymnase vient d'être créé. Les jeunes y trouvent agrès et emplacements pour des jeux d'équipe tels basket-ball ou volley-ball. La salle de judo n'a pas été oubliée.
Légende photo 2 : En apportant aux élèves des conditions de vie matérielle et de confort plus agréables que par le passé, les nouvelles installations doivent contribuer à faciliter leur formation et leur développement physique et intellectuel ; souhaitons que leurs succès futurs les maintiennent dans la lignée déjà fameuse des « anciens apprentis ».
En jaune, les « nouveaux » bâtiments
En gris, les « anciens » bâtiments
MÀJ : 2 décembre 2024
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