Il n'existe pas « une » mais « plusieurs » argiles, dont les différences structurales sont très importantes. Les expérimentateurs font état d'argiles qualifiées de blanche, bleue, verte ou rouge.
Composés complexes de diverses substances minérales naturelles, leurs effets biologiques sont éminemment variables. Elles possèdent des propriétés thérapeutiques indéniables qui expliquent le succès de leur utilisation le plus souvent empirique. Encore convient-il de les prescrire à bon escient, en ayant la notion de leur différence et connaître les travaux déjà réalisés (1), qui ont permis pour certaines d'établir clairement les relations entre leurs structures et leurs propriétés
On connaît depuis longtemps la composition chimique des argiles, mais leurs structures minérales ont commencées d'être précisées après 1979.
Les argiles sont composées d'éléments cristallisés disposés le plus souvent en feuillets comme l'Illite (structure dite phylliteuse), parfois en fibres comme l'amiante (structure fibreuse), associés à des minéraux accessoires tels que les hydroxydes de fer ou d'aluminium. Ce sont des silicates hydratés d'alumine dont les propriétés physico-chimiques et partant, biologiques sont fonction du nombre de couches constituants leurs feuillets et des minéraux entrant dans leur composition chimique (Si, Al, Mg, Fe).
Les variétés d'argiles ayant été retenues pour l'usage interne sont : la kaolinite (minéral argileux phyllitique à 2 couches, riche en Aluminium, type argile blanche et l'illite (minéral phyllitique à 3 couches). Pour l'usage externe, ont été retenues diverses montmorillonites (sodique, calcique, hectorite sodique) qui appartiennent à la famille des smectites.
Nous n'envisagerons ici que l'argile verte Illite dont la structure a pu être précisée en microscopie électronique et dont la composition chimique est la suivante : illite minérale, SiO2 (47,5/52%), Al2O3 (13/15%),CaO (7/9%), Fe2O3 (4/6%), K2O (3/5ù), MgO (2/3%), Na2O (0,1/0,3%), MnO (0,1/0,3%), P2O5 (0,1/0,2%), Cu (10/30 ppm), Co (5/25 ppm), Li (2/4 ppm),Mo< 1 CEC, pouvoir d'échange cationique 1,23, NF 31-108 (qualité satisfaisant aux seuils de propriétés microbiologiques selon la Pharmacopée Française réf V-2.1.8 ).
Les propriétés de l'argile verte Illite identifiées dès 1978 par la Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie, (devenue en novembre 2001 la Société Française d'Endobiogénie) sont les suivantes :
Par voie générale :
Ces propriétés expliquent qu'elle trouve son indication majeure dans les affections du tube digestif : ulcères, gastrites, entérites, colites, diarrhées, parasitoses, mycoses. Également, pour ses effets indirects et par la modification de l'équilibre minéral qu'elle peut induire et son pouvoir détoxiquant, dans certaines affections cutanées (furonculoses, acné, eczéma), certaines anémies et certains types de migraines.
Par voie locale (externe) elle est :
Ces propriétés expliquent qu'elle trouve ses indications, dans les pathologies cutanée, circulatoire et rhumatologique : abcès, furoncles, acné, ulcérations, plaies infectées, mycoses, inflammations diverses et certains formes rhumatismales (bains de boues en soin thermal).
Les raisons de l'activité biologique des argiles répondent à plusieurs mécanismes : phénomènes d'adsorption, d'oxydoréduction, d'hydratation, de catalyse, d'échanges d'ions, libération d'électrons (transformation du fer ferreux (Fe 2+) en fer ferrique (Fe 3+).
La fixation de bactéries ou de levures intestinales sur l'argile absorbée dépend des phénomènes d'adsorption réglés par les oligo-éléments qui agissent au niveau de la synthèse des métabolites.
En attendant que soient terminées les études cristallochimiques et les expérimentations cliniques en cours, qui permettront le meilleur choix des diverses argiles en fonction des pathologies, on s'appuie sur la connaissance analytique de certains éléments minéraux entrant dans la composition des argiles dites vertes ou blanches : silicium, magnésium, fer, aluminium, calcium déjà utilisés en pratique quotidienne.
Par voie interne, l'argile verte illite (pour la suite A.VI ) est prescrite à la dose moyenne de 1 cuillerée à café pour 3/4 de verre d'eau, à préparer la veille et à boire à jeun. L'utilisation pour autre motif, de l'huile de paraffine est à proscrire, car elle peut entraîner le durcissement de l'argile. Les doses seront adaptées à chaque patient et diminuées en cas de constipation.
Seront préconisées, des cures de 3 semaines, pendant 3 à 4 mois, puis 10 jours par mois en mois espacés, selon le cas traité.
Par voie externe, l'A.V.I est appliquée sous forme de :
a/ en consultation de ville (période 1975/1980).
Onze cas sont présentés, à travers plusieurs centaines d'observations, intéressant des patients par ailleurs traités par phytothérapie, mais pour lesquels les modifications observées peuvent être considérées, au moins en partie significative, comme conséquence de l'action propre de l'argile. Le cas de Mme H, âgée de 58 ans est rapportée ci-après.
Depuis l'âge de 30 ans, cette personne est atteinte d'une maladie de Crohn (ndr : cette maladie inflammatoire chronique du tube digestif, - principalement colon et iléon - est suspectée de nature auto-immune. Elle se manifeste par diarrhées chroniques, exsudations avec fréquentes douleurs abdominales, fièvre et fatigue).
Hospitalisée dans un C.H.U parisien, pour une nouvelle crise hyperaigüe, (ballonnements, douleurs, troubles du transit et rectorragies), la patiente est traitée par corticoïdes, antibiotiques et Salazopyrine en lavements rectaux. Après 3 mois d'hospitalisation, elle vient en consultation.
Un traitement oral par A.V.I, associé à des lavements rectaux quotidiens d'huiles essentielles adaptées à son endobiogénie (caractéristiques de terrain) et à des oligo-éléments va progressivement apporter une amélioration considérable à la malade. Durant les 7 années suivantes, avec poursuite d'un traitement d'entretien, seules deux poussées seront observées, l'une en 1977, l'autre en 1979, poussées d'ailleurs rapidement jugulées. Durant tout ce temps et hors ces deux poussées, cette dame, malade depuis une vingtaine d'années, ne présente plus de troubles digestifs, ses selles sont normalisées et les contrôles bactériologiques demeurent stériles.
Ce cas démontre que, même après une longue évolution, et l'insuccès de toutes les thérapeutiques précédentes, une affection aussi grave que la maladie de Crohn peut, avec des traitements simples à base d'argile et d'huiles essentielles, être améliorée d'une remarquable façon.
b/ dans le cadre d'une large action humanitaire à partir de 1995.
Devant les enjeux offerts par les possibilités thérapeutiques de l'A.V.I,( associée ou non aux huiles essentielles), possibilités objectivées par l'ensemble des médecins de la Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie à partir de milliers d'observations, l'idée est venu d'en faire profiter les malades les plus gravement atteints et démunis et ce, d'autant que le prix d'un traitement avec l'A.V.I est relativement peu coûteux. C'est ainsi que sont nés des projets humanitaires à échelle significative, à partir de protocoles avec usage externe ou usage interne d'A.V.I, concernant, selon le cas, le traitement des maux perforants plantaires des malades lépreux (pour la suite M.P.P ), le choléra, et les soins palliatifs.
b1/ A.V.I en usage externe,
- b1-1 : pour traitement M.P.P des malades lépreux au Sénégal.
Protocole A.V.I versus soins O.M.S.
Projet officiel mis en place à partir de 1995 avec le soutien du Professeur Reynier, alors médecin-chef de la Clinique de Chirurgie générale et oncobiologique de l'hôpital Boucicaut et Président de la fondation des lépreux Raoul Follereau.
De septembre 1997 à juillet 1998, essai randomisé sur 65 cas, (31 cas avec traitement A.V.I, 34 cas avec traitement O.MS) dans le cadre du service des grandes endémies du Sénégal, en comparant les effets du traitement classique journalier O.M.S (antiseptiques, antibiotiques) sur ce type de lésions à ceux d'une application journalière d'un emplâtre d'argile.
Le rapport officiel du ministère de la Santé du Sénégal, réalisé par le Docteur Abdoulaye Ndiaye, (premier conseiller auprès du ministère de la Santé) fait état des constatations suivantes :
* concernant les 31 cas traités à l'A.V.I,
* concernant les 34 cas traités "O.M.S",(Programme national contre la Lèpre : PNL):
L'argile verte illite, est bien efficace pour le traitement des M.P.P, grâce à une action anti-inflammatoire, anti-infectieuse et cicatrisante, cliniquement démontrée.
Les avantages du traitement par l'argile sur le traitement classique, pourrait être :
Au vu de ces résultats pourtant prometteurs, le Président de la commission médicale de la Fondation des lépreux Raoul Follereau et ses membres médecins ont refusé d'appliquer ce protocole aux autres centres « lèpre » relevant de leur mission humanitaire.
En 1998, le Professeur Reynier, a démissionné de la présidence de l'association Raoul Follereau.
Malgré cette opposition des officiels, les médecins de la Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie (devenue Société Française d'Endobiogénie) ont alors décidé d'étendre leurs travaux cliniques à d'autres pays.
b1 : A.V.I en usage externe,
b1-2 : pour le traitement des malades lépreux au centre Marchoux au Mali.
Protocole A.V.I+H.E versus soins O.M.S.
Pour majorer l'activité thérapeutique de l'illite, l'équipe de la S.F.P.A ( future S.F.E.M) décide, sur la foi de travaux menés depuis 1994, de lui adjoindre des huiles essentielles aux puissantes activités anti-infectieuses et cicatrisantes. Des résultats probants, ont en effet été obtenus par le docteur Rozen Dodeur (praticien hospitalier, médecin-anesthésiste au Centre hospitalier de Châteaudun), dans le traitement des plaies ulcéreuses et des escarres, à l'aide d'une préparation à base de produits d'extraction naturelle (actuellement distribuée sous le nom d'Escargil et qui associe à l'AVI :
Un protocole randomisé a été conduit en 1998 et 1999 par le Docteur Samba-Sow médecin-chef de l'unité de léprologie du ministère de la Santé du Mali, au sein de la léproserie du centre Marchoux, sur 69 lépreux.
Les conclusions du rapport officiel, sont les suivantes :
« le protocole A.V.I+H.E a montré une efficacité supérieure à celle du protocole O.MS avec respectivement 73% de guérison contre 28% à 90 jours. Le délai de guérison dans le protocole A.V.I+ H.E était de 50 jours soit 44% inférieur à celui du protocole O.M.S (90 jours). Les suppurations ainsi que l'odeur nauséabonde accompagnant les M.P.P ont disparu dès après le premier pansement avec Escargil. »
b1-3 : pour le traitement des M.P.P des malades lépreux à Madagascar.
Protocole A.V.I versus soins O.M.S.
En janvier 2000, sous l'impulsion du président de la République Malgache, la S.F.P.A a pu initier avec le Docteur Armand Ralaidovy (chef du cabinet du ministre de la Santé) une première étude ouverte sur une vingtaine de malades lépreux atteints de M.P.P et hospitalisés dans le centre hansenien de Manacavaly, près de Tananarive. Mise en place par le Docteur Roland Robinson (Service central de surveillance de la lèpre- DLMT/Ministère de la Santé), cette étude a confirmé les observations déjà faites au Sénégal et au Mali.
Les travaux ont été effectués de février à mai 2000, sur tous types et tous stades de M.P.P. Des résultats impressionnants ont été observés chez tous les malades traités par l'argile verte illite, résultats confirmés par une iconographie réalisée à l'occasion du suivi clinique régulier : détersion rapide des plaies, relance plus précoce de la cicatrisation ,amélioration très supérieure de l'état des plaies par rapport aux effets du traitement classique.
Le ministère de la Santé, tenu régulièrement informé, tout au long du protocole, des résultats extrêmement positifs obtenus par l'A.V.I en soins externes, a décidé d'étendre l'usage du protocole illite/M.P.P aux malades lépreux des six centres hanséniens du pays, soit 200 lépreux. Ce projet d'envergure a été exécuté sous le contrôle des Docteurs Rakotondramarina Dimisoa (directeur de la lutte contre les maladies transmissibles au ministère de la Santé), Ralamboson Mamy,(chef du service de lutte contre la tuberculose et la lèpre), et Robinson Roland, en collaboration de médecins de la SFPA, sous la conduite du Docteur Christian Duraffourd. Ces travaux et leurs résultats feront l'objet d'une parution prochaine.
Le financement de ces travaux, qui conditionnent la généralisation de ce protocole à d'autres pays frappés par la lèpre a été possible grâce au soutien de deux organisations non gouvernementales ADEEM (Association pour la défense de l'Endobiogénie en Médecine) et HEMERA.
b2 : A.V.I en usage interne sur malades atteints de choléra à Madagascar.
b2-0 Rappel préalable.
Depuis le début du XIXème siècle, on sait que le germe du choléra est véhiculé par l'eau souillée et qu'il touche les pays qui ne respectent pas les règles élémentaires d'hygiène publique. L'infection due à la bactérie Vibrio cholerae qui se fixe sur les parois de l'intestin grêle, provoque une diarrhée abondante et des vomissements incoercibles entraînant une déshydratation rapide. En l'absence de soins appropriés, elle peut être mortelle dans plus de 25% des cas. A Madagascar, les causes de la dissémination rapide de la maladie sont multiples. L'absence d'un réseau moderne d'adduction d'eau courante et d'évacuation des eaux usées constitue un des principaux facteurs de la propagation. De plus le niveau économique du citoyen malgache ne lui permet pas de consommer de l'eau minérale de façon préventive ou d'acheter de l'eau de javel pour la décontamination. Enfin, certaines pratiques culturelles, tels certains rites funéraires ancestraux renforcent l'épidémie.
b2-1 Madagascar 1999.
Protocole A.V.I/choléra.
Dans le cadre du développement de ses projets humanitaires la S.F.E.M a eu en mai 1999 l'opportunité d'établir les premières bases d'une collaboration avec le ministère de la Santé Malgache. À cette époque, le pays était confronté à l'urgence d'une épidémie de choléra en pleine explosion non maîtrisée avec officiellement plus de 15.000 cas recensés et près de 1200 décès.
Informé des possibilités thérapeutiques offertes par l'AV.I le président de la République Malgache a demandé que soit mis en place, chez les malades cholériques, dans la petite île de Nosy Bé, là où l'épidémie avait commencé, au nord-est du pays, un traitement par de l'eau additionnée d'argile illite, en complément des soins classiques.
Effectué à titre expérimental, - en appoint à la réhydratation -, ce protocole baptisé A.V.I/choléra, a été appliqué, dans le cadre du service des grandes endémies (Docteur Roland Robinson), à cent malades atteints de choléra.
Dénué de tous risques, il constituait à faire boire de l'eau à laquelle on avait ajouté de l'argile illite (à raison de 90g par litre), sans rien modifier du traitement classique dont la part antibiotique (doxycycline) se révélait peu efficace sur le vibrion cholérique en cause.
Obtenus en 1999, les premiers résultats cliniques confirment l'intérêt de poursuivre le protocole sur les arguments suivants :
À partir de janvier 2000, il est décidé de mettre en place de façon randomisé le protocole illite dans le Centre Hospitalier de lutte contre le choléra à l'hôpital de Befalatanana du C.H.U d'Antananarivo.
b2-2 Protocole traitement classique+A.V.I versus traitement classique
L'étude réalisée dans le centre de traitement du choléra du C.H.U Befeletanana, à Madagascar, en mars 2000, porte sur 85 malades dont 45 recevront le traitement classique plus argile illite et 40 le traitement classique seul sans argile illite.
La publication des résultats de la randomisation du protocole a été faite par le Docteur R. Robinson. Elle retient :
Bien qu'une telle étude randomisée demande à être reprise à plus grande échelle, elle confirme les observations faites lors de la première expérience ouverte effectuée à Nosy Bé :
Ainsi, le gain apporté par le traitement avec l'argile illite dans la lutte contre le choléra représente une économie en vie humaine, une amélioration du confort du malade et une moindre charge de travail pour le personnel en cas d'épidémie.-
(1) Les importantes et utiles recherches physico-chimiques concernant les argiles ont été conduites au CNRS, Université Pierre-et-Marie Curie, Paris V, par une équipe sous la conduite du Professeur Henri Pézerat, éminent toxicologue ayant participé au long combat, scientifique et social, dénonçant le rôle cancérigène de l'amiante, et appelant l'indemnisation des victimes.
Source : Traité de Phytothérapie Clinique (éléments naturels). Christian Duraffourd, Jean-Claude Lapraz.
Pour mémoire :
S.F.P.A Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie,
S.F.E.M Société Française d'Endobiogénie et Médecine.
A.V.I argile verte illite,
M.M.P maux perforants plantaires,
H.E huiles essentielles.