Visitons le « GALLEY » d'un Super-Constellation

« Encore un mot anglais. Et il est ici bien mal approprié, puisqu'il signifie cuisine(1) mais il est actuellement utilisé. »

Galley

Une platine, située à hauteur utile, comprend dans sa partie droite le bac à glace et l'évier, Attachés à la paroi, un couteau à découper et un pic à glace sont à portée de la main

Nous avions demandé à visiter le « galley » d'un « Super-Constellation », le domaine de l'hôtesse et des stewards, et M. Barrois nous prévient ainsi que nous ne devons pas nous attendre à trouver les traditionnels fourneaux des restaurants. Mais nous savons déjà que l'hôtellerie aérienne a ses particularités et ce sont elles, précisément, qui nous intéressent.

En fait, la surprise est tout de même totale.

Pour le passager, que le personnel navigant commercial salue à sa montée dans l'avion, il n'y a pas de « galley ». Quittant l'escabeau, il prend pied dans un vestibule étroit, mais garni de rideaux décorés aux insignes de la Compagnie et la hâte de trouver sa place dans les cabines avant ou principale, en tournant à gauche, ou arrière en tournant à droite, fait oublier le détail.

Ce n'est qu'après la fermeture des portes, alors que tous les passagers sont installés et que les moteurs tournent déjà que le mystère se révèle : derrière les rideaux du vestibule une installation parfaitement « fonctionnelle » rassemble, en un espace très restreint, une étonnante variété de matériel et de provisions.

Contre le flanc babord de l'appareil, notamment, est blotti un ensemble complexe brillant de tout l'éclat de son métal inoxydable. Une platine, située à hauteur utile, tient toute la largeur du vestibule et comprend une table de travail relativement vaste dans sa moitié gauche, des plaques chauffantes, le bac à glace et l'évier dans sa partie droite. Attachés à la paroi, un impressionnant couteau à découper et un pic à glace sont à portée de la main.

Galley

Six récipients, isolés thermiquement, contiennent indifféremment les réserves de café, de jus de fruit, etc. Au-dessus, quatre placards qui renferment les alcools, les bonbons, le lait et l'épicerie

Juste devant, est un large tiroir à couverts contenant toutes les cuillers, les fourchettes, tous les couteaux nécessaires au service et d'innombrables cuillers à café.

Au-dessus de ce tiroir sont groupés six récipients à isolement thermique branchés sur le courant électrique, donc capables de chauffer leur contenu. Mais ils sont également susceptibles de garder le froid et contiennent indifféremment les réserves de café, de jus de fruits, etc.

C'est à leurs robinets que sont puisés en permanence les rafraîchissements, l'un des agréments du voyage aérien.

Levons à peine les yeux. La partie supérieure, qui occupe toute la largeur, est constituée par quatre placards destinés, de gauche à droite, aux alcools, à la lingerie, aux bonbons et au lait, le dernier à l'épicerie, laquelle est représentée par des menus mais multiples paquets.

Baissons-nous, maintenant. Sous la platine, l'espace est également utilisé au maximum et nous trouvons, à gauche, un réfrigérateur, puis deux fours électriques superposés, un tiroir à pain, un placard libre et une poubelle.

Au total, et dans l'espace le plus réduit, une cuisine capable de faire rêver les maîtresses de maison les mieux organisées.

L'avion, en roulant doucement, vient de parvenir à l'entrée de la piste et la lecture de la « check-lise» se poursuit dans le cockpit, en attendant le décollage. C'est alors que le chef de cabine, steward ou hôtesse, se retourne pour faire aux passagers, par l'intermédiaire de haut parleurs, la traditionnelle adresse de bienvenue et se trouve face à la porte d'entrée.

Le micro est effectivement à gauche de cette porte, juste au-dessus du siège de veille et à côté du placard à apéritifs.

Au-dessous s'alignent quatre logements d'armoires à plateaux.

Galley

Aussitôt l'avion décollé, les stewards s'afairent pour la préparation des plateaux-repas que les passagers apprécieront, assis dans des fauteuils confortables

Le pendant de cette installation à droite de la porte comprend, en haut, de nouveaux placards pour les verres et les tasses et, en bas, six autres logements d'armoires à plateaux.

Un steward fait fonctionner, précisément, les portes à glissière de ces logements, qui contiennent chacun dix plateaux déjà garnis de façon appétissante (il y a donc possibilité d'emporter cent plateaux) et pendant que l'hôtesse offre des bonbons, il répartit les petits pains livrés en vrac à la dernière minute dans un vaste sac en papier.

Maintenant, les plateaux vont pouvoir sortir de leurs armoires et offrir les joyeuses couleurs des hors-d'œuvre et des fruits qui y sont déjà disposés.

Une table roulante sortie de son logement, derrière un fauteuil, et dépliée, va permettre de faire passer et servir les plats chauds, les fromages et éventuellement la pâtisserie.

Et les plateaux, vidés, ayant réintégré leurs casiers, le « galley » jusque-là lieu d'intense activité, retrouvera un calme relatif.

Il se transformera en une sorte de bar jusqu'à la fin du voyage.

Gabriel HERES - France Aviation N°26 Janvier 1957


(1) Nous pensons qu'il s'agit plutôt d'un « office » que d'une « cuisine », mais nous laissons aux participants de notre concours « défendons la langue française » le soin de trancher ce problème.

Au centre, le « GALLEY » du Parisien Spécial

Galley
Galley