À la manière de notre bon maître Rabelais, ou comment les apprentis sont élevés à Vilgénis en telle discipline qu'ils ne perdent pas une heure par jour.
Note documentaire n°12 d'octobre 1963 de la Direction des Relations Extérieures d'Air France
Ces jeunes gens dispensent donc leur temps de telle façon que, ordinairement, ils s'éveillent à 7 heures qu'il fasse jour ou non ; ainsi l'ont ordonné leurs professeurs. Pour mieux amuser leurs esprits font leur lit puis s'habillent d'après la saison, mais de préférence endossent chemise et pourpoint gris.
Pour vaincre la rosée et le mauvais air déjeunent à 8 heures de succulentes tartines buvant force café et lait. L'humanité ne doit-elle pas son salut à boire matin ?
Ils étudient ensuite pendant quatre méchantes heures les yeux fixés sur leur travail, mais dès midi les pensées tournées vers la cuisine.
L'heure du repas employée et la digestion en train, pendant quatre heures ils se remettent à l'étude.
Alors ils sortent et se rendent aux prés. Là, ils jouent : à cligne-musette, au volleyball, à pince-morille, au hand-ball, au basket-ball, à Guillemin baille moi ma lance, à l'athlétisme, aux croquignoles, au football, au rugby.
Pour ce qui est du ballon ovale, ils s'en sont approprié si bien la théorie que la pratique au point que les Anglais qui en ont amplement traité, confessent que vraiment, vis-à-vis de ces jeunes gens, eux-mêmes n'y entendent que haut allemand. Ils nagent aussi en eau profonde, sur le dos, sur le ventre, sur le côté, de tout le corps, les pieds seuls, une main hors de l'eau tenant un livre qu'ils ne mouillent pas et, comme le faisait Jules César, tirant par les dents leur manteau.
D'autres préfèrent lancer dans les airs d'étranges machines volantes ou encore se faire avancer au foyer échiquiers, tables à dés et aux dames et quelques autres jeux de semblable farine.
Le souper pris et les 90 minutes d'études vespérales passées vont au lit où, sans débrider, dorment jusqu'au lendemain 7 heures.
Le jeudi après-midi, de peur que leur vue ne diminue, ils se gardent bien de se rompre la tête à étudier : un docte quidam n'a-t-il pas dit, en parlant des lectures, qu'il n'y a rien de si contraire à la vue qu'une maladie d'yeux? Occupent plus volontiers leur temps à s'esbaudir dans les prés.
Le dimanche tous les loisirs sont employés non par lois, statuts et règles, mais selon leurs vouloir et franc arbitre. Nul ne les éveille, nul ne les parforce ni à boire ni à manger ni à faire autre chose quelconque.
Auteur inconnu
MÀJ : 2 décembre 2024
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