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Les DIRIGEABLES

Dirigeable

Les DIRIGEABLES

Le dirigeable « Ville de Bordeaux », frère du « Clément-Bayard » dont nous savons les remarquables essais est l'un des plus beaux modèles de notre flotte aérienne qui compte « Le Jaune » le « Ville de Paris » le « République ».

Faut-il rappeler les exploits de « la France », le grand ancêtre, les prestigieuses performances des Santos-Dumont ?

Deux sportsmen éminents, M. Deutsch (de la Meurthe) et Lebaudy contribuèrent puissamment à donner à notre pays la suprématie en matière de navigation aérienne. Les ingénieurs et pilotes si distingués, MM. Juchmés, Julliot, Kapferer, Surcouf étonnèrent le monde par leurs randonnées superbes.

Ces hauts faits de l'histoire sont récents et pourtant le dirigeable est désormais construit industriellement !

Il n'est plus du domaine du sport, il est devenu un véhicule automobile-aérien dont les applications seront bientôt nombreuses.

De grands croiseurs aériens seront bientôt lancés, nous disait dernièrement l'un des ingénieurs que nous venons de citer, et la désignation nouvelle que nous entendions définissait suffisamment le rôle qu'étaient appelées à jouer les nouvelles unités de notre flotte aérienne.

Le premier Salon de l'Aéronautique a cependant fait revivre quelques souvenirs et il nous faut signaler un très curieux ouvrage qui figura dans ce Salon et qui traitait du projet de ballon dirigeable du baron Auguste Toussaint Scott de Martinville.

Ce projet fut présenté, en 1789, quelques années après la découverte des ballons et sans que l'auteur eût connaissance des travaux du général Meusnier, L'auteur s'était exactement rendu compte du problème à résoudre en l'assimilant entièrement à celui du déplacement du poisson dans l'eau. D'où l'adoption par lui des principales dispositions aujourd'hui universellement admises par les dirigeables, mais à cette époque, fort méconnues : forme allongée, gouvernail, propulseurs.

Ce projet, bien étudié, en utilisant toutes les ressources de la mécanique de l'époque, et parfaitement réalisable de construction, ne fut pas exécuté, les événements de la Révolution ayant détourné l'attention publique de la souscription qui avait été ouverte avec de puissants appuis.

Plus récent, mais non moins intéressant est l'aérostat dirigeable système Henri Desmarest dont son inventeur confia, aux organisateurs du premier Salon, le très intéressant modèle construit en 1892. Assimilant complètement un ballon à un navire sous-marin, M. Henri Desmarest donna à son appareil une forme cylindro-conique très allongée et supprima la nacelle.

Dirigeable

La nacelle ordinaire fut remplacée par une chambre centrale située exactement au centre de gravité de l'appareil. Cette chambre est divisée en deux parties :

1° La partie inférieure qui contient les moteurs, les deux machines à pétrole d'environ 12 chevaux 1/2, ce qui donne une puissance de vingt-cinq chevaux, agissent sur un arbre calé sous la charpente, formant une sorte de cage dans laquelle est l'enveloppe de l'aérostat;

2° La chambre supérieure qui contient les appareils légers, les instruments, cordages, etc., et, s'il s'agit d'un aérostat exploité industriellement comme moyen de transport, la partie réservée aux voyageurs.

Par une poulie et une courroie de transmission, l'arbre moteur met en mouvement une hélice propulsive dont la forme a été spécialement étudiée par l'inventeur.

Dirigeable

Les données principales de l'appareil type étaient les suivantes

Cet appareil était prévu pour emporter 25 personnes environ.

Caractéristiques de la « Ville de Bordeaux »

Ballon. Carène fusiforme dissymétrique de 10 m,58 de diamètre au maître couple et 54 mètres de longueur. Volume, 3.000 mètres cubes. Tissu Continental caoutchouté.

Empennage spécial, 4 ballonnets en forme de cônes terminés par des sphères et communiquant avec le ballon proprement dit par des traits le long de la ligne de contact.

Ballonnet. Longueur : 20 mètres. Volume : 1.000 mètres cubes, en deux parties pouvant être gonflées séparément.

Nacelle. Longueur : 27 mètres ; largeur : 1m,50 ; hauteur : 1m,50. La nacelle est en tubes d'acier réunis par des raccords en fer coulé avec bossage pour l'attache des fils tendeurs.

Moteur Renault, 80-90 chevaux, actionnant une hélice de 5 mètres de diamètre, tournant à 416 tours par minute.

L'équilibreur ou gouvernail de hauteur est formé de trois plans superposés situés à l'avant et d'une surface de 16 mètres carrés. Le gouvernail de direction est composé de deux plans équilibrés commandés par un mécanisme irréversible.

Il est intéressant de rapprocher de ces chiffres ceux du Bayard-Clément qui est identique comme forme générale au précédent ;

Cube : 3.500 mètres cubes.

Longueur : 56 mètres;

Diamètre au maître couple : 10m,58.

Surface de l'enveloppe : 2.250 mètres carrés.

Poids de l'enveloppe, 805 kilogrammes.

Ballonnet, longueur : 23 mètres ; volume : 1.100 mètres cubes.

Nacelle, longueur: 28m,5o ; largeur : 1m,50 ; hauteur: 1m,50.

Moteur Clément, 105 chevaux, à 1.050 tours par minute, alésage : 168 millimètres, course : 160 millimètres, monté sur un bâti à ressorts pour amortir les vibrations. Allumage par magnéto.

Allumage par accumulateurs pour la mise en route. Celle-ci s'opère au moyen de robinets de décompression de système spécial.

Embrayage. À segments commandés par volant et vis pour la progressivité. Refroidissement par radiateur, nid d'abeilles.

Ensemble moteur pesant 500 kilogrammes.

Réservoir d'essence contenant 440 litres.

Transmission. Par deux cardans; démultiplication de 1 à 3, par engrenages dans un carter spécial.

Hélice. En bois, diamètre : 5 mètres, tournant à 350 tours par minute. Transmission à l'hélice par système spécial, permettant de déterminer l'effort de traction de l'hélice à l'aide d'un dynamomètre placé dans la chambre du pilote.

Ventilateur des ballonnets actionné par courroie ; débite 1.800 litres par seconde.