Le rapport F/D (focale/diamètre) est le rapport de la longueur focale du miroir primaire et de son diamètre, exprimés bien sûr dans la même unité. Un faible rapport f/D donne un instrument compact, donc stable et facile à manier et transporter. Néanmoins, la précision de collimation croit comme (D/f)². En d'autres termes, un télescope ouvert à f/D=5 sera deux fois plus difficile à collimater qu'un télescope ouvert à f/D=7. Un rapport supérieur ou égal à f/D=5 est très satisfaisant ; au-delà de f/D=10, l'instrument a un champ limité mais une faible obstruction, ce qui est favorable en planétaire.
Je conseille fortement, pour un premier miroir et pour un opérateur vierge dans le travail du verre, de commencer par un miroir de 15 cm de diamètre pour une focale de 120 cm (on dit alors, comme pour les objectifs des appareils photo que le miroir est ouvert à F/D=8 ou simplement ouvert à 8). Avec ces valeurs, le succès est garanti pour peu que l'on suive la méthode et que l'on fasse preuve d'un minimum de soin. Les anciens de Vilgénis ayant tous fait un passage plus ou moins long par la case ajustage n'auront aucune difficulté.
Un tel miroir vous donnera, pour le même diamètre, des images bien meilleures qu'une lunette de bonne qualité et presque aussi bonnes que celles du fin du fin des lunettes modernes d'excellente qualité. Mais le prix de revient de votre télescope sera largement 15 ou 20 fois plus faible que celui de telles lunettes. On trouve dans le commerce des télescopes de 15 cm de qualité juste correcte pour quelques centaines d'Euros. Il n'est pas certain, pour ce diamètre, que vous gagniez beaucoup d'argent mais la qualité de vos images sera meilleure et surtout vous aurez la satisfaction d'avoir fait et si cela n'a pas de coût, cela a un prix inestimable.
Je ne doute pas un instant que celui qui aura réalisé un télescope de 15 cm et après avoir mis l'œil à l'oculaire, ne trouvera plus le repos qu'après avoir réalisé un télescope de 200 ou 250 mm. Le virus est pernicieux et il n'y a pas de vaccin connu. La technique est strictement la même pour les miroirs de 100 à 300 mm. Cependant au-delà de 250 mm, à cause de la turbulence atmosphérique, on ne gagne pratiquement plus rien sur les images planétaires. Bien sûr un 300 mm et plus sera plus performant en photographie du ciel profond mais l'amateur se heurte alors à la mécanique de la monture qui pour tirer tout ce que peuvent donner de tels diamètres nécessite d'être parfaitement stable et rigoureusement capable d'assurer la compensation de la rotation terrestre lors des poses photographiques. De plus les grands diamètres nécessitent pratiquement une installation minutieuse à poste fixe avec construction d'un abri genre coupole ou autre. Les grands diamètres sont donc réservés aux amateurs très bien outillés possédant au minimum un tour d'assez grande capacité ou bien sont assez aisés financièrement pour faire réaliser les pièces principales ou encore acheter une monture de qualité mais pour ces diamètres c'est faramineux.
Le miroir de 150 mm ouvert à 8 permettra de passer ultérieurement à un 200 mm ouvert à 6 ou à un 250 mm ouvert à 5 si on prend soin dès le départ de prendre un tube de 270 mm de diamètre intérieur (ou un tube de section carrée de 270 mm intérieur qui peut parfaitement être réalisé en contreplaqué de 8 mm d'épaisseur). Tout pourra être conservé, il « suffira » de faire un autre miroir. À noter que tailler un miroir de 150 mm ouvert à 8 ne pose aucun problème, tailler un miroir de 200 mm ouvert à 6 de bonne qualité n'est pas très difficile mais tailler un miroir de 250 mm ouvert à 5 de bonne qualité est assez difficile et demande obligatoirement d'avoir fait ses classes sur un 150 mm. Plus le miroir est ouvert, c'est à dire plus le rapport F/D est petit, plus c'est difficile. Par exemple un 300 mm ouvert à 4 demande un très bon opticien très expérimenté.