Astronomie - René Paris - Promotion 1950-1953

LA RÉALISATION DES MIROIRS POUR TÉLESCOPES D'AMATEURS

LE POSTE DE TRAVAIL

La taille des miroirs d'amateurs est dite « à poste fixe ». Cette méthode permet d'obtenir des miroirs de qualité bien meilleure que celle des miroirs industriels usinés sur des machines. Les miroirs industriels de qualité - donc très chers - sont retouchés à la main.

Le principe général, que nous verrons plus en détail ultérieurement, consiste à frotter l'un sur l'autre par un mouvement de va et vient, les deux disques de verre avec interposition d'abrasifs de plus en plus fins. Le disque supérieur se creuse et devient donc concave et la surface du disque inférieur devient convexe. Afin que l'usure soit bien uniforme, il faut périodiquement tourner le disque supérieur d'un petit angle et tourner également d'un pas en sens contraire autour du poste de travail. Cela implique donc le libre passage tout autour du poste de travail. Cette méthode, par la loi des grands nombres, fait qu'il n'y a aucune chance de favoriser l'usure d'un endroit plus qu'un autre et on obtient ainsi une surface de portion de sphère convexe sur le disque inférieur et une portion de sphère concave sur le disque supérieur (la sphère est la seule forme qui permet le mariage étroit entre les deux surfaces et cela avec une extraordinaire précision bien inférieure au micron - les surfaces planes peuvent se marier également mais c'est un cas particulier de la sphère, il est très difficile d'obtenir des surfaces planes à la précision optique et il n'y a aucune chance d'obtenir de les obtenir avec cette méthode).

Ce poste fixe doit être stable et la bonne hauteur est telle que les mains posées à plat sur les disques, les bras légèrement fléchis, permette d'imprimer facilement au disque supérieur , un mouvement naturel de va et vient. Certains utilisent un tonneau ou un fût lestés par des pierres, de la terre, du sable...Voici quelques exemples tirés du livre de Jean Texereau intitulé « la construction du télescope d'amateur » édition N° 2. Ce livre est LA RÉFÉRENCE en la matière, malheureusement il est aujourd'hui introuvable.

Personnellement j'utilise un empilage de 9 parpaings scellés entre eux et au sol avec du plâtre. Le plâtre permettra une "déconstruction" aisée. L'ensemble est parfaitement rigide. La partie supérieure sera coiffée par 2 plaques circulaires de 40 à 50 cm de diamètre en bois aggloméré de 20 mm d'épaisseur, fixées l'une sur l'autre par 6 ou 8 vis régulièrement réparties de façon à obtenir un surface horizontale bien plane à assujettir fermement au tonneau, aux parpaings ou autre support de base.

Le poste est une chose mais le local est également important. L'idéal est un sous sol. On y trouve une température qui se maintient dans des limites raisonnables. L'important est que la température se maintienne entre 18 et 23°C. Si la stabilité de la température n'a aucune importance pour l'ébauchage du miroir, elle est fortement souhaitable lors du polissage. Il est en effet impossible d'obtenir un polissoir convenable en poix optique en dessous de 16°C et au dessus de 25°C. Beaucoup d'amateurs ont pu tailler leur miroir dans un garage ou dans leur grenier. Il convient alors de choisir une période favorable, soit en automne soit au printemps. Certains ont même utilisé la cuisine après expulsion de son légitime locataire, mais là je pense que les risques d'un conflit majeur sont vraiment importants et c'est à déconseiller. Sans nécessité de pouvoir y faire le noir profond, le local doit pouvoir présenter une luminosité d'ambiance assombrie pour effectuer les mesures lors du polissage. Enfin il doit être alimenté en électricité et idéalement en eau courante mais ce dernier point n'est pas absulument indispensable.

Si le plafond risque de s'écailler ou laisser tomber des poussières voire même des grains de sable, il est impératif d'y accrocher une toile cirée ou en plastique d'au moins 1m au carré au dessus du poste de travail. Une autre solution plus facile consiste à coller au plafond des dalles bien jointives en polystyrène expansé Faire les joints entre les plaques avec un mastic silicone pour salle de bain. Cela parait être des précautions exagérées mais dites vous bien qu'un seul grain abrasif minuscule tombant sur le miroir peut ruiner en une seconde 100 ou 200 heures de travail et vous devrez tout recommencer...ça donne à réfléchir.

La prochaine fois nous attaquerons vraiment le travail du verre.